Monaco-Matin

L’amour de Fred et Katia a eu raison des frontières

Séparés près de quatre mois à cause du confinemen­t, ce Niçois et sa fiancée de Crimée sont enfin réunis. Grâce à leur ténacité, ils vont pouvoir célébrer leur union dans quelques jours

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Ils s’avancent main dans la main, sur une promenade des Anglais à l’heure d’été, flânant à l’allure des tourtereau­x qui ont toute la vie pour s’aimer. Le sourire de Fred (1) contraste avec la mine défaite qu’il affichait, en vidéo Skype, trois mois plus tôt. Logique : Katia (1), l’élue de son coeur, est enfin à ses côtés.

C’est une histoire qui finit bien, au sein d’une jeune histoire d’amour. L’histoire d’un amour contrarié par un virus qui surgit, par des frontières qui se referment. C’est l’histoire de Fred, Niçois de 39 ans, et Katia, Russo-Ukrainienn­e de 32 ans.

Le 27 avril dernier, nous avions publié le témoignage d’un Fred écorché vif, confiné loin de la femme qu’il s’apprêtait à épouser. Nous les retrouvons ensemble, enfin réunis à Nice. En chair, en os et en âmes.

« On ne s’est pas vus pendant quatre mois... jusqu’à la délivrance le 27 juin. Grâce à un rapatrieme­nt, témoigne Fred, éprouvé et soulagé. Ça a été très long, très compliqué. Maintenant on est ensemble... pour toujours j’espère ! »

Les ailes de Cupidon

Les deux trentenair­es se rencontren­t l’été dernier, à Nice, où Katia rend visite à son oncle. Les mois suivants, ils les passent au maximum ensemble, à Nice ou Simferopol – la capitale de la Crimée, région revendiqué­e par la Russie. Début mars, Fred rentre à Nice. Katia doit le suivre en avril. Ils veulent se marier cet été. Mais le confinemen­t et l’arrêt des vols internatio­naux coupent les ailes de Cupidon. Débute alors un marathon administra­tif. Et une si longue attente. « Il fallait que l’aéroport de Nice soit ouvert, que celui de Moscou le soit aussi, et qu’il y ait des vols entre les deux pays. Après de nombreux jours, de nombreuses heures à récupérer de nombreux documents, elle a pu venir », résume Fred. Le Niçois avait lancé un SOS dans nos colonnes, plaidant pour une dérogation. Aujourd’hui encore, « la frontière russe reste fermée. Personne ne peut venir sur le territoire français, à part les rapatriés. » Fred a dû prouver que le couple allait se marier, que Katia avait déjà vécu avec lui en France. « Il fallait aussi des autorisati­ons, des visas... » Avec son passeport ukrainien, Katia rallie Simferopol et Moscou, puis Moscou et Nice. « Il n’y a aucun vol depuis l’Ukraine, explique Fred. Elle aurait pu passer par les terres, mais les frontières étaient fermées à cause du Covid. »

« C’était très dur »

Il a fallu s’accrocher. Continuer à y croire. Tenter de positiver. Transcende­r la distance des 3 000 kilomètres et la froideur des écrans, pour attiser le feu de leur amour, en s’aidant de Google Trad pour communique­r. « Ça a été très compliqué, pour elle comme pour moi. Elle non plus, elle n’était pas bien », témoigne Fred.

« C’était vraiment très dur. Il me manquait énormément, acquiesce Katia. Tout ce que je voulais, c’est être à ses côtés le plus rapidement possible. » Plus à l’aise en russe qu’en français, avec un sourire timide, la jeune femme se dit « très heureuse et soulagée d’être à ses côtés. » Avant cela, Fred a écrit au président Macron, au ministre de l’Intérieur, a fait appel à l’agence consulaire russe à Villefranc­he-sur-Mer. «Son oncle m’a beaucoup aidé pour qu’elle vienne. J’ai eu le soutien de ma maman, aussi. Et je remercie énormément tous les amis qui m’ont aidé : sans eux, je n’aurais rien fait... »

Depuis un mois, elle est là. Avec lui. « Pour toujours », glisse-t-elle en français. À présent, cap sur le mariage. Ce sera le 11 août, dans la région niçoise. Les préparatif­s se font à la dernière minute, « mais pas grave : c’est que du bonheur ! », martèle Fred, sourire radieux accroché au visage.

Mariage masqué

Le contexte est hors norme. Leur mariage le sera donc aussi. « Nous serons obligés d’avoir le masque pendant la cérémonie. C’est limité à vingt personnes à l’intérieur. Et nous cherchons un restaurant – c’est compliqué à la dernière minute. On anticipe aussi de possibles restrictio­ns. » Quitte à avancer la date du mariage si besoin ? Fred y a songé. En tout cas, c’est jouable : les bans ont été publiés à la mi-juillet.

« Je suis heureuse de me marier avec toi », confie Katia à son preux chevalier. Le couple s’apprête à emménager dans l’appartemen­t qu’a acheté Fred. « Après, peutêtre un bébé ? » Katia apporte une précision, avec un sourire entendu : elle lève deux doigts.

Combien d’histoires, comme celle de Fred et Katia, se sont heurtées aux frontières du confinemen­t ? Seul Cupidon le sait. La leur prouve « qu’il faut toujours préserver. En mélangeant chance et persévéran­ce, on y arrive. L’amour doit triompher !, s’enthousias­me Fred. Maintenant, on est heureux, épanouis. On ne se lâche plus. Ce n’est que le début du parcours du combattant... Mais on a fait le plus dur. » 1. Leurs prénoms ont été modifiés afin de respecter leur anonymat.

 ??  ?? Katia et Fred, complices et soulagés, sur les chaises bleues de la promenade des Anglais. (Photo Eric Ottino)
Katia et Fred, complices et soulagés, sur les chaises bleues de la promenade des Anglais. (Photo Eric Ottino)
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Lionel Maurin, directeur commercial du groupe Mona Lisa. (DR)
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