Entre Gourdon et le plateau de Caussols
L’un des plus beaux villages de France et un plateau calcaire aux allures lunaires, offrant une vue à couper le souffle sur l’ouest des Alpes-Maritimes : de quoi bien remplir une journée
Il est encore tôt ce jour-là. Mais tout au long de la Départementale 3, des cyclistes, plus ou moins affûtés et équipés, font chauffer leurs mollets avec entrain. Au bout du chemin, il y a Gourdon. Un nid d’aigle planté sur une falaise au-dessus des gorges du Loup, à 758 mètres d’altitude. Certains accros de la petite reine, habitués de l’ascension, ne se donneront pas forcément la peine d’entrer dans le coeur du village. Un café, un verre d’eau et ça repart. Pour les autres, il serait dommage de ne pas s’offrir cette petite escapade vers l’une des perles de l’arrièrepays grassois.
Certes, elle aurait été encore plus agréable avec la découverte du château de Gourdon, construit par les Lombards au XVIIe siècle, agrémenté d’un jardin à la française dessiné par Le Nôtre. Sauf que l’édifice, privé et actuellement en travaux, n’est plus ouvert au public. Mais ne faisons pas la fine bouche. Rien que pour la vue plongeante sur la Méditerranée, de Nice à l’Estérel, offerte depuis la place Victoria, la halte vaut le détour. Complétez avec un crochet par les différentes échoppes présentes (parfums, savons, miel, nougat, verrerie d’art, etc.).
Direction la « boule blanche »
Après cet échauffement matinal, on vous propose d’aller humer le grand air un peu plus haut. En voiture, il ne vous faudra qu’une dizaine de minutes pour rejoindre Caussols. Une fois arrivés, ne vous mettez pas en tête de visiter un autre coeur de village coquet. Ici, la mairie, la boulangerie et l’école sont regroupées autour d’un parking. Ici, à 1 100 mètres d’altitude, la nature déploie un décor tout bonnement splendide. Pas besoin, ou presque, de l’intervention de l’homme pour l’embellir. Côté nord, le Calern, qui abrite l’Observatoire de la Côte d’Azur, trône à 1 458 mètres. Au sud, le Haut-Montet, où est située une imposante « boule blanche » (en réalité, un radar de l’Aviation civile) pourrait presque jouer les modestes avec son sommet à 1 335 mètres.
Ce sera notre objectif du jour. Depuis la mairie, on peut l’atteindre en cheminant sur un plateau karstique jonché de roches calcaires, de gouffres et d’avens. La boucle dessinée par le tracé du GR 4, longue de 14 kilomètres est magnifique. Cette fois, on optera pour un itinéraire plus modeste, histoire de ne pas s’exposer trop longtemps aux rayons du soleil. Banco pour un trajet d’environ deux heures et demie, avec 226 mètres de dénivelé positif.
Bories, voie romaine et drôle d’oiseaux
En voiture, on rejoint le chemin des Claps, jusqu’au parking de la Direction générale de l’aviation civile. Depuis cet endroit, une piste goudronnée pourrait nous amener de manière rectiligne vers le Haut-Montet. Plus efficace, mais bien moins plaisant que de serpenter entre les lavandes et les bories – ces amas de pierres sèches –, d’anciennes bergeries et d’enclos à moutons. Outre ces vestiges du pastoralisme et l’ancienne voie romaine de l’Embarnier, on croise de drôles d’oiseaux sur le chemin du sommet. Des parapentistes flottant dans le ciel après avoir pris leur envol depuis l’une des aires de décollage leur étant destinées. L’effort s’intensifie quelques instants, mais rien d’insurmontable. Il ne reste que quelques centaines de mètres avant d’atteindre la fameuse sphère, présente dans notre regard depuis le début de la balade. Nous voilà arrivés. Un vent bienvenu balaye la zone. La brume altère légèrement la vision. Elle reste tout de même sublime. Dans notre dos, la cime du Cheiron (1 778 m). Face à nous, tout l’ouest du département déroule son relief. On peut même distinguer le massif de l’Estérel et le rocher de Roquebrune-sur-Argens, dans le Var. Un sandwich pour reprendre des forces et il sera temps d’amorcer la descente.
Amas de pierres sèches et lavandes