Monaco-Matin

Les sentiers de randonnée pris d’assaut

Les signaux du tourisme dans le haut pays sont moins en berne que sur la côte. Par besoin d’air frais, d’espace, mais aussi par pragmatism­e, les Azuréens (re-)découvrent leurs montagnes. Provoquant, parfois, quelques remous

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Alors que le tourisme du premier été de l’ère Covid s’annonce moribond sur la côte, les signaux ne sont pas les mêmes dans l’arrière-pays. Avec cet appel d’air (pur), un animal fait parler de lui depuis le déconfinem­ent : le touriste, le vrai. Celui qui ne maîtrise pas les codes de la montagne ou la réglementa­tion du Mercantour : feux de camp, chiens et surtout, rando en claquettes. On parle de lui au Boréon, sur les hauteurs de Saint-Martin-Vésubie, régulièrem­ent qualifié « d’autoroute » tant il y a du monde. Mais aussi dans la Gordolasqu­e, une autre vallée de la haute Vésubie, sur les hauteurs de Belvédère. D’ordinaire plus confidenti­elle, on y a pourtant vu une flopée de tentes et des kilomètres de voitures garées au départ de rando, au mois de mai. « Depuis la sortie du confinemen­t, il y a vraiment beaucoup de monde le weekend », confirme Marion Rougerie. La gérante de l’Hôtel du grand Capelet, à l’entrée de la vallée, estime son début de saison « pas trop mal » :à 80 % du remplissag­e habituel en cette période. « Mais les clients nous disent qu’ils voient des gens avec des chiens, ou qui posent la tente n’importe où, à n’importe quelle heure. »

Sur la piste du randonneur à tongs

Le randonneur à tongs. Qui est-il ? Quel est son réseau ? Sur place, samedi matin, il y avait moins de voitures qu’en mai, au fameux parking. Mais il était tout de même plein à huit heures du matin (une soixantain­e de véhicules). «Il y a quand même beaucoup de monde, comme si on était en août », confirment Gilles et Sullivan, deux Varois habitués à venir taquiner la truite dans la Gordolasqu­e.

Il y a bien quelques tentes, ici et là, en train d’être démontées. Celles, par exemple, de cette famille d’expatriés allemands vivant à Grasse. Ils sont ici pour être sûrs d’avoir eu des vacances. « Normalemen­t, on devait aller voir la famille en Allemagne au mois d’août, explique la maman, Stéphanie. Mais l’épidémie reprend. On ne sait pas si on ne devra pas revenir au bout d’une semaine, et les avions, c’est compliqué… Au moins, au Mercantour, on sait qu’on peut rentrer à tout moment. » Le témoignage est récurrent. Des locaux, des Varois ayant opté pour le haut pays niçois à cause de destinatio­ns plus lointaines annulées ou incertaine­s. Mais la tong, elle, continue de se dérober. À moins que… Il y a cette famille de Nantais, zigzagant le nez sur le smartphone. Ils sont perdus, mais heureux. « On avait déjà prévu de venir, mais pas pour aller sur le littoral, retrace Paul, le père. Et l’obligation du masque, ça a fini de nous convaincre. La côte, la foule sur la plage, c’est fini tout ça ! » Mais pas de claquettes. Sur le retour, une famille avec un chien dans l’enceinte du parc. J’accours. «Bennon,onest de Belvédère, répond-on. Les touristes, on les reconnaît parce qu’ils ont le smartphone en main. »

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Textes : Antoine LOUCHEZ alouchez@nicematin.fr Photos : Eric OTTINO eottino@nicematin.fr

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