Noyades : « Soyons plus vigilants que jamais »
En deux mois, neuf noyades ont endeuillé le littoral azuréen. Avant le grand chassé-croisé de l’été, la ministre de Sports est venue hier à Antibes appeler à la prudence, préconiser la formation des enfants, et promouvoir une bouée pour la nage déployée s
Ils ont joué le jeu. L’Antibois Alain Bernard, champion olympique 2008 du 100 mètres nage libre, laisse flotter son grand gabarit, laissant le soin au lieutenant Delin de le « secourir ». Puis les rôles s’inversent. À son tour, Alain Bernard joue les sauveteurs pour Roxana Maracineanu, vice-championne olympique 2000 du 200 mètres dos. Vingt ans plus tard, elle est ministre des Sports. C’est à ce titre qu’elle a ressorti le maillot à Antibes.
Hier matin, la plage de la Salis a des airs de bassin olympique. Mais qu’on ne s’y trompe pas. Si ces personnalités miment une situation de détresse, c’est pour alerter sur des risques bien réels. Depuis le 1er juin, neuf personnes ont succombé à une noyade sur le littoral des AlpesMaritimes – hors piscines. Et des dizaines de secours ont évité un bilan bien plus lourd encore.
En France, environ 200 personnes ont trouvé la mort sur les plages.
Sur près d’un millier de décès par an, près de la moitié surviennent en mer. D’où la campagne de prévention des noyades, promue à la veille du grand chassé-croisé de l’été.
« Ne jamais quitter des yeux ceux qu’on aime »
Principale nouveauté ? Des bouées de nage en eau libre. « C’est la ceinture de sécurité en mer », explique Roxana Maracineanu. Ces bouées orange flashy, gonflables et légères, sont mises « en prêt gratuit sur les 40 plages les plus touchées par les interventions de l’été », réparties entre six départements. On en trouve sur les plages de la Salis, les Sablettes à Menton, et à Beaulieusur-Mer. Les 26 communes varoises qui ont pied dans l’eau en sont également dotées.
C’est Mel, 12 ans, qui nous en fait la présentation. « L’intérêt, c’est de pouvoir se reposer dessus si on a un coup de fatigue. On peut l’accrocher à la taille par une petite sangle réglable. Elle est équipée d’un sifflet en cas de problème, et d’une petite poche pour mettre une bouteille d’eau. » Alexandra Galoisy, chef de poste à la Salis 2, conseille cette bouée «à tous ceux qui nagent au large. Même quand ils s’éloignent, on les voit de loin. »
Le ministère des Sports, la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France, et des équipementiers se sont associés pour cette opération. Mais au-delà, c’est bien un appel à la vigilance qu’est venue lancer Roxana Maracineanu.
« Ne jamais quitter des yeux ceux qu’on aime quand ils s’approchent de l’eau, c’est le meilleur moyen de prévenir les interventions des sapeurs-pompiers et des CRS », insiste la ministre. A fortiori dans cet été déconfiné. « Après cette période difficile, toute la population française vient prendre du bon temps sur ces lieux de vacances. Il faut que l’on soit plus vigilant que jamais. »
Les enfants et les seniors particulièrement exposés
Les nageurs les plus exposés ? « Soit des personnes âgées de 60 à 75 ans, qui font parfois des malaises dus à l’effort. Soit des enfants en bas âge, surpris par une vague, ou dont les parents sont distraits par l’usage du smartphone », observe l’adjudantchef Philippe Valiani, du Sdis 06. Voilà pourquoi la ministre prône « l’apprentissage de la natation dès le plus jeune âge ». La preuve par l’image. Cap sur le stade nautique d’Antibes, à la tête d’une délégation comptant le maire Jean
Leonetti et le député Éric Pauget. Roxana Maracineanu vante le « grand plan d’aisance aquatique, lancé avec l’Éducation nationale, pour former 800 000 enfants de 4, 5, 6 ans ».
En pratique, cette aisance s’acquiert avec l’exercice de la perche. Dans le bassin antibois, des enfants de 5 ans descendent le long de la perche, puis remontent grâce à l’air de leurs poumons, strictement encadrés par un éducateur. «Onles accoutume par le jeu. Ils n’ont pas conscience que c’est un exercice, explique Matthieu Herrera, éducateur pour le Cercle des nageurs d’Antibes. On vit dans une région où il y a de l’eau partout. L’eau fait partie de nous. Plus on les habitue, mieux c’est ! »