«Pire»estleLoup
Dimanche soir, les éleveurs de la Roya se sont donné rendez-vous à Tende devant le cinéma le Bégo. Objectif : manifester contre la projection du film de Jean-Michel Bertrand, « Marche avec les Loups ». Sur leurs tee-shirts blancs figurent, en rouge et noir, des slogans qui montrent leur colère. En présence des agents du parc, un dialogue vif émaille la plénitude d’un soir d’été. Loin des images d’Épinal, de Prokofiev et de Perrault, c’est la peur atavique qui ressort avec son cortège de monstres du Gévaudan.
« Une provocation ! »
Les premiers hurlent leur dégoût ; les seconds – pris entre le marteau et l’enclume de la hiérarchie – n’ont pas les réponses espérées. « La projection de ce film est une provocation !... Nous aurions aimé un débat pour expliquer notre réalité », telles sont les desiderata des manifestants.
Les agents du Parc font corps : on oppose divertissement familial, création artistique, langage cinématographique à une réalité qu’on ne montre pas, celle des brebis égorgées. Les gendarmes sont là afin d’éviter tout débordement. Le maire, Jean-Pierre Vassalo, écoute, avant – plus tard – de prendre la parole. La projection, une bandeannonce, commence sous les huées des contestataires.
Dix minutes de cris et de vociférations. Sur l’écran, la petite fille, très loin de ces considérations, se régale d’un biberon au milieu d’un champ. Haro sur l’innocente, des familles quittent la salle sous l’hallali. La décision de stopper la projection est prise. Entre les travées de sièges rouges, deux heures de dialogue s’engagent jusqu’à 23 h 30 et la fin des hostilités.