« Où est la forêt ? C’est un sol artificialisé à % ici ! »
Pieds sur le ciment, à deux pas des gravats. Si les ouvriers n’ont pas encore retrouvé le chemin du chantier situé sur la ZAC des Clausonnes, le terrain porte les traces de leurs ouvrages. En amont de l’ancienne station-service jouxtant la route départementale, des bennes empaquetées. Sur le grillage, un avertissement : amiante danger. « Nous en avons retiré plus de mille tonnes ici », indique Philippe Journo, promoteur du projet qui explique pourquoi sa société qualifie cet espace de « friche industrielle »:« Les nombreux dépôts sauvages qui sont faits devant le portail après la clinique vétérinaire en disent long sur les pratiques qui durent depuis des années. Sur ce site, nous avons découvert énormément de déchets. » Évoquant le déplacement de la centrale à béton et les cheminements en macadam, le P.-D.G. se défend face aux attaques concernant la destruction de 15,5 hectares de forêt : « Où est-elle ? En face, oui, au Fugueiret, de l’autre côté de la route. Mais pas ici. Le sol est artificialisé à 80 % ici ! »
Des arbres transplantés pour ceux qui ont pu être... sauvés Mais qu’en est-il des arbres qui étaient présents sur le terrain çà et là ? Pointant du doigt une zone située au Nord de la parcelle, le fondateur de la Compagnie de Phalsbourg lance : « Nous avons analysé l’ensemble des arbres. Ceux qui ont pu être sauvés et transplantés le sont. » Le nombre ? Plus de deux cents selon lui. Combien y en avait-il au total ? Quid de ceux qui n’ont pas eu cette chance ? « La terre est bourrée d’amiante. Certains arbres sont déjà condamnés. » Regroupés dans leur pot respectif, les végétaux accueillent de nouvelles branches. « Pour lui cela n’a pas fonctionné », signale-t-il en désignant un des spécimens en mauvaise forme. Et la ceinture forestière enveloppant la Valmasque – côté Leroy Merlin – ? « Notre terrain s’arrête à la rivière. Nous n’allons pas toucher à cette partie naturelle. Les arbres vont rester où ils sont. » Disant mettre la question architecturale et environnementale au coeur des projets de son entreprise, l’entrepreneur peine à retenir sa contrariété en se voyant associé à la destruction des espaces naturels : « C’est quelque chose que je trouve injuste. Planter des arbres fait partie de ma manière de travailler. À Paris je suis celui qui fait le projet Mille arbres (1) mais ici je suis considéré comme celui qui les abat. »
1. Projet Porte Maillot qui prendra place sur 60 000 m².