Monaco-Matin

La série !

Au Majestic de Cannes, l’acteur nous a annoncé le retour du chef mafieux Maurice Bettoun, dans une série écrite par Alexandre Arcady. En attendant, il est toujours avocat dans Plaidoirie­s

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Avec Richard Berry, ce n’est pas flic ou voyou, mais avocat ou bandit !

Le comédien va d’abord renfiler sa robe d’avocat pour reprendre la tournée triomphale de son spectacle (à Cannes le 10 janvier 2021), Plaidoirie­s, où il incarne six grands ténors du barreau dans des affaires célèbres.

Mais l’invité du Festival des mots (il a lu Le Clézio à Mougins) nous confirme aussi le retour impensable de Maurice Bettoun, chef d’un clan mafieux dans Le Grand Pardon 1 et 2. Quarante ans après avoir osé transposer Le Parrain de Coppola en version La Vérité si je mens dans le milieu juif pied-noir, Alexandre Arcady serait donc en train d’écrire la suite, pour en faire une série !

« Je ne peux pas trop en dire, si ce n’est que Maurice n’est plus rien au départ, et doit tout reconstrui­re...», sourit avec gourmandis­e Richard, tant il se réjouit de rendosser le rôle qui l’a rendu populaire auprès du grand public.

Depuis, les tempes ont un peu blanchi, évidemment, mais Berry a gardé cette gueule de « beau mec » du cinéma français, même s’il préfère désormais se placer derrière la caméra.

« Faire le beau mec, j’ai passé l’âge, et puis parfois, c’est un handicap car ça peut être assez réducteur, souligne-t-il. Moi, ce que j’aime le plus au cinéma maintenant, c’est faire mes propres films. Après avoir goûté au plaisir d’être réalisateu­r, il m’est plus difficile de me glisser dans le projet d’un autre, s’il ne m’a pas totalement convaincu. »

Un film avec Jean-Paul Rouve

On l’aura compris, Richard Berry ne cherche plus spécialeme­nt à plaire. Son ego n’est plus à satisfaire. Ce qui ne l’empêche pas de penser que la séduction reste… un art délicat. Surtout lorsque le cinéaste nous confie qu’il a trouvé le titre de son premier opus (L’Art délicat de la séduction) dans… l’introducti­on du Kâma Sutra !

Cela dit, ce n’est pas toujours l’amour fou avec le milieu du 7e art, en dépit de tous ses succès au BoxOffice (La Balance, Pédale douce, 15 août, L’Emmerdeur…), Et l’on se demande encore comment cet ancien premier de classe au Conservato­ire n’a jamais décroché le moindre César.

« Ah, demandez-leur, mais honnêtemen­t, maintenant, je m’en fous…, soupire l’intéressé, chez lequel on a touché une corde sensible. Avant, ça me vexait, je trouvais ça injuste et méchant. Mais vous savez, je n’ai rien fait pour l’obtenir. Je suis assez brut de décoffrage, un peu solitaire, et je n’ai pas fait la cour ni campagne… »

Voilà qui est dit, Monsieur Berry. Du coup, sur le principe d’« on n’est jamais si bien servi que par soimême », Richard auteur-réalisateu­r s’apprête à tourner son septième long-métrage avec Jean-Paul Rouve, justement intitulé Les P’tits Pouvoirs,.

« C’est un film à sketches, qui évoquent tous ces petits abus de pouvoirs qui nous pourrissen­t la vie, de tous ces gens qui profitent de leur petit statut parfois... »

On ne peut s’empêcher de songer alors à la politique, et à ceux qui l’exercent, au risque de se faire tailler leur beau costard.

« Ah, j’ai joué un Président de la République à la télé (Silences d’État), c’était marrant. Mais je n’ai jamais été attiré par une carrière politique. Des politicien­s, j’en ai rencontrés, et l’homme était souvent plus intéressan­t que la fonction. Ce qui me gène toujours, en politique, c’est justement l’usage du pouvoir. »

Lui préfère monter au créneau pour plaider contre les injustices, même si la scène d’un théâtre ne vaut pas forcément planche de salut. « La bêtise et l’ignorance rendent toujours les gens racistes ou antisémite­s car ils ont besoin d’exprimer leurs frustratio­ns sur une minorité », souffle le « héros » de

L’Appât et L’Union sacrée. Collection­neur de montres, Richard a désormais l’âge où l’on voudrait retenir l’instant (il a « fêté » ses 70 ans le 31 juillet) plutôt que le regarder filer. Ralentir le temps, plutôt que d’en perdre.

« J’ai longtemps cru que j’étais immortel, mais j’ai pris conscience que ce n’est pas le cas, et la décennie qui vient me fait peur... »

Il ira bientôt évacuer une partie de ses angoisses dans une prochaine pièce, « très drôle », intitulée à propos : Check-up !

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Les Césars, honnêtemen­t, maintenant, je m’en fous...”

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La bêtise et l’ignorance créent toujours du racisme”

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ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr Photos Sébastien botella

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