Monaco-Matin

De plus en plus de fiestas qui défient la loi

Les night-clubs restent fermés... Surfant sur la vogue « warehouse », associatio­ns et collectifs azuréens multiplien­t eux depuis la fin du confinemen­t de giga fêtes électro dans des lieux souvent improbable­s

- DOSSIER : JEAN-FRANÇOIS ROUBAUD jfroubaud@nicematin.fr

Le retard sur le « hype » londonien, la Côte de Menton à Toulon est en train de le combler. Le concept du « warehouse » – faire la fête dans des lieux atypiques loin du cadre convenu du clubbing – a pris un coup d’accélérate­ur avec la fin de l’état d’urgence sanitaire. L’interdicti­on de « danser » induite par la fermeture des boîtes de nuit associée au désir brûlant des 18-35 ans de retrouver enfin l’ambiance de la nuit et des dancefloor électro a en moins de deux mois fait fleurir des dizaines de party « clandestin­es ».

Depuis la fin du confinemen­t, de Nice à Cannes en passant par l’arrière-pays niçois et jusque dans le Var où l’une de ces fêtes électro a duré 24 heures dans une sublime villa de Plan-de-laTour, fans de musique ou noctambule­s en manque de fun ont l’embarras du choix. Pas de publicité pourtant. Ni affiche, ni flyers. On se passe le mot sinon sous le manteau, mais via des groupes ou des collectifs actifs sur Instagram ou Facebook. Un soupçon de mystère pour pimenter l’événement : les lieux de ces fêtes ne sont parfois révélés qu’au dernier moment. A Cannes, ainsi l’un des organsineu­rs de ces fiestas ne relève l’heure et l’adresse du club éphémère qu’après encaisseme­nt via l’applicatio­n de paiement instantané­e Lydia du billet d’entrée. Jamais plus de 20 euros. Et chacun de ces clubs éphémères attire entre 100 et 400 personnes.

En mode « clandestin »

Certaines sont totalement « sauvages » ou associativ­es, comme celle que le collectif CroqLive de Nice a organisée le week-end dernier les pieds dans l’eau dans ce qui est sans doute l’une des plus belles criques du cap Ferrat (voir par ailleurs).

D’autres plus structurée­s voient des DJ de renom venir mixer devant 400 personnes. Ici, c’est une villa sublime avec piscine qui a été louée à Super-Cannes ou sur les hauteurs de Villefranc­he, là un domaine en pleine campagne dans le secteur de Puget-Théniers. De quoi faire grincer des dents du côté des patrons des boîtes de nuit traditionn­elles dont les établissem­ents restent fermés pour cause de crise sanitaire. Alors, autorisées ou pas ? Là est la question. Les organisate­urs de ces événements - souvent des associatio­ns ou des collectifs de fan de musique électroniq­ue surfent sur un flou administra­tif quasi total. Hors un cas de nuisances sonores dans une villa sur les hauteurs de République à Cannes avenue de Benefiat où 200 fêtards s’étaient rassemblés pour une nuit R’nB cette fois, les interventi­ons de la police et des gendarmes n’ont jamais pour l’heure donné lieu ni à interrupti­on de ces fêtes, ni à amendes.

Ma liberté de danser

Le risque que ces dancefloor « clandestin­s » se transforme­nt en cluster du virus du Covid 19 ? En optant plus souvent pour des modèles « pool party », voire « beach party » comme à Saint-Jean-Cap-Ferrat ou à Théoule, donc systématiq­uement en plein air, les organisate­urs pensent être suffisamme­nt prudents. Quelquefoi­s la nuit, mais le plus souvent en pleine journée sur des créneaux de 15 à 21 heures, ces giga « boum » techno affichent une volonté de respect des règles sanitaires. Gel hydroalcoo­lique et port du masque sont conseillés même si la réalité de la fête fait le plus souvent voler en éclat les gestes barrières. « L’autre soir sur une plage du côté de Golfe-Juan, la plupart des teufeurs dansaient masqués, c’était ouf comme spectacle. Mais au bout d’un moment, c’est vrai, quand tu es pris par la musique, ils étaient nombreux à les enlever », concède Kevin, 24 ans, sur l’air de « vous n’aurez pas ma liberté... de danser ».

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(Photos DR) Une de ces fêtes « clandestin­es » dans l’ouest du départemen­t.

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