Le coin savant : Réhabilitons Charpentier !
Une bonne partie du concert de ce soir sera consacrée à des oeuvres de Marc-Antoine Charpentier. Réhabilitons Charpentier ! C’est l’un de nos grands compositeurs français. Sa richesse mélodique et harmonique fait merveille. Mais, à son époque, il a pâti de l’omniprésence de Lully, le tout-puissant musicien installé par Louis XIV, qui ne tolérait aucune concurrence. Il en a souffert. Certes, on ne peut pas dire qu’il soit ignoré aujourd’hui puisque les notes de son Te Deum sont parmi les plus connues de notre époque : ce sont celles de l’indicatif de l’Eurovision à la télévision ! Mais qui sait que l’indicatif de l’Eurovision est de Charpentier ? Marc-Antoine Charpentier a composé des dizaines de pièces de musique sacrée (dont nous entendrons certaines ce soir), des motets, des messes, des cantates, des psaumes, des hymnes, des oeuvres orchestrales ou lyriques, mais aussi la musique du « Malade imaginaire » de Molière (qu’on attribue faussement à Lully, lequel, jusqu’alors, avait le monopole des pièces de théâtre de cet auteur). Il a fallu que meure Lully pour que Charpentier puisse prendre un peu de place à la Cour.
Cette mort de Lully intervint de manière curieuse, des suites d’une gangrène occasionnée par une blessure faite au pied en battant la mesure avec une canne, lors de l’interprétation d’une musique composée pour célébrer la guérison du roi ! Les « Arts florissants » doivent beaucoup à Charpentier. Et en premier lieu leur titre, qui est celui d’un de ses opéras. C’est la moindre des choses qu’ils hébergent ce Charpentier sous leur toit !