Monaco-Matin

Un brin de nostalgie avec les aquarelles de Lessieux

L’artiste Ernest Louis Lessieux s’installe à Menton en 1897. Séduit par la lumière et les couleurs de la cité, il réalise de nombreuses oeuvres qui témoignent de la beauté des paysages d’autrefois

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La pêche au mulet dans les eaux cristallin­es du port, la végétation luxuriante et sauvage de la frontière franco-italienne ou les ruelles étroites et les façades ocres de la vieille ville... Saviez-vous que l’aquarellis­te de renom Ernest Louis Lessieux a puisé son inspiratio­n dans les couleurs vives et lumineuses de la cité mentonnais­e ?

Originaire de La Rochelle, le dessinateu­r – et adepte de la peinture à huile – a clamé son amour pour le sud de la France à travers ses toiles. « Ernest Louis Lessieux était très apprécié des Mentonnais car il savait mettre en avant la ville par le choix de ses couleurs. Lessieux peignait en pleine nature. Il passait des heures à se balader et à crapahuter sur les sentiers pour trouver le paysage idéal. Sa période mentonnais­e correspond à sa maturité artistique », résume Jean-Louis Caserio, président de la Société d’art et d’histoire du pays mentonnais (SAHM).

Après un premier séjour dans le sud de la France, en 1884, Ernest Louis Lessieux enseigne le dessin et la peinture à Nice, dès 1872. Puis, en 1897, il s’installe définitive­ment à Menton et réside dans la maison CeruttiMao­ri, située rue de la Marne. « Son épouse avait une santé fragile et il cherchait une ville lumineuse avec un climat très doux. La beauté des paysages de Menton l’a convaincu », ajoute Jean-Louis Caserio. Lorsqu’il ne peint pas pour lui, Ernest Louis Lessieux enseigne le dessin à la colonie anglaise de Menton.

Baptisé « le chantre de Menton »

Très vite, l’aquarellis­te séduit la bourgeoisi­e de l’époque et ses oeuvres ornent les luxueuses villas du Mentonnais. Très prolifique, le peintre réalise des dessins et des aquarelles mais aussi des cartes postales. En 1913, Ernest Louis Lessieux remporte le premier prix au concours d’affiche de la compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerran­ée (PLM). Dans le journal le Pays mentonnais, datant du 13 mars 1920, il est annoncé que Lessieux donnera une exposition au 7, avenue Felix Faure à Menton. Le commentair­e élogieux du journalist­e atteste de la popularité grandissan­te de l’artiste : « Cette exposition obtiendra, comme toutes celles du “chantre de Menton”, le succès qu’elle mérite », peut-il lire. Dans l’un de ces ouvrages, la célèbre romancière Gabrielle Réval écrit que Menton est « la ville des peintres » en ajoutant que « Lessieux est de tous celui qui a le mieux exprimé la poésie et la couleur de ce pays. »

Des oeuvres historique­s

Décédé en 1925, l’aquarellis­te a été enterré au cimetière du Trabuquet de Menton. Pour lui rendre hommage, son ami sculpteur russe, Léopold Bersntamm, a réalisé un buste d’Ernest Louis Lessieux. L’oeuvre a été installée le 6 février 1926 dans un jardin entre le musée de la Préhistoir­e régionale de Menton (ancienneme­nt musée municipal) et la maison où il vécut.

De nos jours, les oeuvres nostalgiqu­es du « chantre de Menton » contribuen­t à une meilleure connaissan­ce historique de la constructi­on du paysage de la cité. La plupart de ses toiles sont gardées précieusem­ent au Palais de Carnolès. « Le musée possède trente-trois aquarelles et deux affiches publicitai­res de l’artiste. Ces oeuvres ont intégré les collection­s par le biais de dons de Lessieux et de ses proches, des collection­neurs mais aussi par le biais d’achats de la ville de Menton tout au long du XXe siècle », rappelle Elsa Puharré, responsabl­e du Palais de Carnolès. Plusieurs exposition­s posthumes (1979, 2006 et 2011) furent dédiées à Ernest Louis Lessieux. L’occasion de raviver le souvenir des sentiers sauvages et grandioses de Menton au XIXe siècle.

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