Monaco-Matin

La Vésubie : « Ici, c’est un cocon, loin de tous les soucis du monde »

- C. C.

Depuis la terrasse, Cathy nous fait découvrir la vue imprenable sur la vallée. « En bas, on voit le village, là-bas derrière les montagnes, il y a l’Italie... » Un grondement de tonnerre l’interrompt. Et nous incite à rentrer fissa. Cathy confie : « C’est impression­nant, les orages en montagne. En Angleterre, la pluie me gêne énormément. Mais là... » Bienvenue dans la Vésubie, chez Cathy et Roger. Plus précisémen­t dans leur maison de famille – pardon, leur family house. À intervalle­s réguliers, ce couple franco-britanniqu­e quitte la banlieue de Londres pour s’évader ici, dans cet écrin de verdure niché sur les hauteurs de Saint-Martin-Vésubie. «On vient souvent pour faire vivre cette maison... quand il n’y a pas le virus. »

Chalet coup de coeur

Confinemen­t oblige, ils ont passé plus de six mois loin de leur home, second home. La façon dont ils y sont arrivés « est une drôle d’histoire », prévient Cathy. Cette Parisienne vit à Watford avec son mari Roger. « On voulait acheter une maison en France. On a pris une carte, j’ai fermé les yeux, posé les doigts dessus... OK : Saint-Martin-Vésubie ! »

Les voici partis à la recherche de la perle rare. Le déclic vient de l’office du tourisme, raconte Cathy. «Une dame m’a dit : “Je vends ma maison car je divorce. Vous voulez la voir ? ” On est entré dedans, on a dit : “On la veut ! ” Au bout de deux ans, elle a divorcé... Et on l’a eue. »

C’était il y a quinze ans. Cathy et Roger acquièrent ce joli chalet, tout de bois et de pierre, avec suffisamme­nt de chambres pour accueillir une famille entière. Leurs prédécesse­urs avaient bâti « leur maison de rêve », mais n’avaient pu la finir. Cathy et Roger y ont apporté la touche finale. Et surtout, une partie de leur vie.

« On veut que cette maison vive »

Depuis début août, ces sexagénair­es profitent de l’été en montagne avec leur fils Gregory, 38 ans, sa femme et leurs filles « bilingues » Amélie, 10 ans, et Bella, 14 ans. La famille entière avait rendezvous à Paris le 5 septembre, pour le mariage du frère de Cathy. La quarantain­e décidée par le gouverneme­nt britanniqu­e a chamboulé leurs plans. Gregory et ses filles vont devoir rentrer au pays plus tôt que prévu.

Pour l’instant, ils savourent. À la mesure des quatre mois durant lesquels ils n’ont pu se voir. « C’était dur... » Alors on se retrouve dans « la maison de mamie et grandad », autour de la cheminée et des activités sportives aux alentours. «Mes filles adorent. Nos amis aussi. On adore tous ! », s’exclame Gregory. Eux adorent, mais ils ne se verraient pas y vivre à plein temps. « Tandis que nous, on se tâte », intervient Cathy. « Ici, on retrouve le calme. On appuie sur pause. » Cathy est prof de yoga. Roger, ingénieur en génie climatique. Deux profession­s qu’ils peuvent pratiquer en télétravai­l. « Ici, on oublie un peu qu’on est au milieu d’une crise, constate Cathy. Il y a plus d’espace, on peut éviter la foule... C’est un cocon. Un refuge, un havre de paix. On est loin de tous les soucis du monde. »

Un privilège ? Cathy et Roger en sont « tout à fait conscients. Quand on vient, on se dit qu’on a une chance inouïe d’avoir cet endroit. Les enfants peuvent venir quand ils veulent... Et on veut qu’ils viennent, que cette maison vive ! » Cathy se tourne vers son fils, sourire entendu : « On leur dit : “Si vous ne venez pas, on la vend. ” »

« On adore l’énergie des lieux »

C’est qu’il est exigeant, ce petit chalet du Mercantour, avec ses « murs de pierre qui s’écroulent tout le temps ». Coûts importants, aléas récurrents, entretien permanent... « À chaque fois, on se dit : “On va la vendre”. Et à chaque fois qu’on arrive, on se dit : “Non, on ne peut pas la vendre ! ”, s’exclame Cathy. C’est magnifique. On adore la montagne, le calme, la vue, l’énergie de cette maison. »

Enfants et petits-enfants plaident en ce sens. Ils tiennent à cette family house, à sa vue sur les cimes, ses bonnes ondes, et sa balançoire aménagée par « grandad » Roger pour ses petits-enfants. Gregory a tranché : « C’est plus qu’une deuxième maison, ou qu’une maison de vacances. C’est notre maison. »

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(Photo Eric Ottino) Dans leur « second house », Roger, Cathy, Grégory et ses filles Amélie et Bella.

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