Bélarus : le pouvoir se tourne vers Moscou
La mobilisation se poursuivait hier au Bélarus contre la réélection du président Alexandre Loukachenko, dont la rivale Svetlana Tikhanovskaïa, réfugiée en Lituanie, avait appelé à des rassemblements pacifiques à travers le pays. Dans l’après-midi, des milliers de personnes se sont réunies dans l’ouest de la capitale, Minsk, pour rendre hommage à un homme y ayant trouvé la mort lors d’une manifestation lundi dernier. Des gerbes de fleurs, décorées de rubans blancs et rouges, les couleurs de l’opposition, ont été déposées près d’un mémorial improvisé. Des manifestants sont aussi venus avec des photos montrant les blessures de personnes torturées lors de leur détention cette semaine. Plus tôt dans la journée, plus de 700 personnes s’étaient réunies en silence autour du cercueil du manifestant décédé, dans un autre quartier de Minsk.
Loukachenko rejette la médiation de la Pologne
Pour sa part, Alexandre Loukachenko a parlé dans la journée avec Vladimir Poutine par téléphone, le Kremlin se disant « confiant » que la crise trouverait une solution prochaine. Les deux dirigeants ont également convenu de poursuivre le « renforcement » de l’Union de la Russie et du Bélarus, une alliance entre les deux pays.
« Si la Russie se mêle de l’affaire, c’est que le président n’arrive plus à s’en sortir seul face au peuple. Il cherche de l’aide à l’Est », estimait Alexeï Linitch, un manifestant de 27 ans à Minsk. Plus tôt dans la journée, le président Loukachenko a dit faire face à une «révolution de couleur » – le nom donné à plusieurs soulèvements dans l’ex-URSS ces 20 dernières années – avec des « éléments d’interférence extérieure ». Il a par ailleurs rejeté « toute médiation étrangère », faisant référence à un plan de médiation proposé par la Pologne, la Lituanie et la Lettonie, membres de l’UE voisins du Bélarus.
Hier, les États-Unis et Varsovie ont à nouveau appelé Minsk au dialogue avec la société civile, tandis que la veille, l’Union européenne avait ordonné des sanctions contre des responsables bélarusses liés à la répression ou des fraudes électorales.
Le Bélarus est le théâtre d’une vague de protestation d’une ampleur inédite contre la réélection dimanche dernier de M. Loukachenko, au pouvoir depuis 26 ans dans cette ex-république soviétique. Sa victoire – officiellement avec 80 % des voix – a été perçue comme truquée alors qu’une immense mobilisation en faveur de sa rivale inattendue, Svetlana Tikhanovskaïa, a enflammé le pays avant le scrutin. Cette dernière, officiellement créditée de 10 % des voix, a dénoncé des fraudes massives.