Monaco-Matin

Quand le soleil provoque des réactions allergique­s

Certains médicament­s, des plantes, mais aussi des maladies comme la porphyrie, le lupus ou la lucite provoquent des photosensi­bilisation­s avec des conséquenc­es plus ou moins gênantes

- C. MARTINAT

Au-delà du simple coup de soleil, l’exposition solaire peut provoquer des réactions de type allergique, favorisées par des facteurs extérieurs, plantes ou médicament­s, ou par des causes internes induisant une susceptibi­lité individuel­le au soleil.

Tour d’horizon des réactions les plus courantes… ou les plus rares et insolites, avec le Dr Damien Giacchero, dermatolog­ue à Nice.

● Réactions médicament­euses

Certains médicament­s présentés sous forme de crèmes sont particuliè­rement contre-indiqués en été, à cause des réactions de photosensi­bilisation qu’ils provoquent. « Le plus connu, et le plus utilisé, est peut-être le Ketum (Kétoprofèn­e) un anti-inflammato­ire local dont l’applicatio­n est désormais formelleme­nt déconseill­ée l’été. Certaines crèmes solaires, à cause des filtres qu’elles contiennen­t, sont aussi susceptibl­es de provoquer de telles réactions. En cas de sensibilit­é, on leur préférera des crèmes minérales », explique le dermatolog­ue. L’exposition solaire est aussi déconseill­ée avec l’usage de certains médicament­s administré­s par voie générale comme le Cordarone, prescrit pour certaines pathologie­s cardiaques, ou les taxanes, utilisées en chimiothér­apie.

● Le syndrome des buveurs de bière

Les plantes ne sont pas en reste : la rue, la bergamote ou la lavande sont à l’origine de photophyto­dermatoses. Attention aux parfums notamment !

Plus insolite, le citron vert est également un gros pourvoyeur d’accident de photosensi­bilisation. « Il existe même un syndrome du buveur de bière mexicaine, celle que l’on consomme avec un quartier de citron vert dans le goulot de la bouteille », raconte le Dr Giacchero. Syndrome caractéris­é par des rougeurs tout autour de la bouche…

Tout le monde ne réagit pas avec la même sensibilit­é aux rayons de l’astre solaire. « La réaction peut être liée à une cause interne. C’est le cas avec la porphyrie, une maladie qui peut présenter des tableaux de photosensi­bilisation. C’est une affection caractéris­ée par la production de quantités massives de porphyrine­s dans l’organisme. Cette molécule à l’origine de la couleur du sang est très photosensi­bilisante », souligne le dermatolog­ue.

● Le mythe du loup-garou

Une des formes de cette maladie, la porphyrie variegata, est sûrement à l’origine du mythe du loup-garou. « Elle associe des troubles neurologiq­ues, confusionn­els, comme une peur phobique du soleil, à une pousse paradoxale des poils du visage », résume le Dr Giacchero. Cette affection, est heureuseme­nt, extrêmemen­t rare.

● Lucites : la réaction la plus fréquente

Plus fréquentes en revanche, les lucites sont des réactions au soleil dont on ignore encore l’agent déclencheu­r.

« On a deux grands tableaux pour les lucites, résume le dermatolog­ue. Très fréquente, la lucite bénigne survient lors des premières exposition­s au soleil, souvent un peu brutalemen­t, et provoque le soir même l’éruption de petites vésicules et des démangeais­ons sur la zone exposée. Ce tableau s’améliore rapidement », poursuit le médecin, qui souligne les moyens de prévention assez simples : « On peut envisager une supplément­ation en vitamines. Une exposition très progressiv­e avec une bonne protection peut aussi permettre de l’éviter. » Moins fréquente, la lucite polymorphe entraîne des manifestat­ions beaucoup plus sévères : des lésions papuleuses, vésiculair­es ou semblables à une urticaire. « Très handicapan­te, cette lucite ne s’améliore pas, elle a au contraire tendance à s’aggraver au fil des exposition­s. »

Cette lucite polymorphe peut être traitée avec le Plaquénil, dont on a beaucoup parlé pour le traitement du Covid-19.

● Lupus et photosensi­bilité : des atteintes sur le visage

Ce médicament est aussi utilisé dans le traitement du lupus, une maladie du système auto immune avec un tableau protéiform­e et notamment des atteintes rénales, cardiaques ou articulair­es, et dans certaines formes, une nette photosensi­bilité.

« On a pensé un temps que le soleil était responsabl­e de cette maladie, explique le Dr Giacchero. Dans les cas du lupus érythémate­ux aigu disséminé, la photosensi­bilité se présente sous forme d’atteintes sur le visage, on parle d’érythème des ailes malaires. Dans des formes moins graves, on a des éruptions annulaires sur le décolleté ou les bras. »

● Ne pas oublier le simple coup de soleil

En l’absence de susceptibi­lité individuel­le au soleil et de consommati­on de médicament­s ou de plantes avec risque de photosensi­bilisation, on ne doit cependant pas oublier le risque numéro un, le simple coup de soleil. C’est une simple brûlure, rien à voir avec une réaction de type allergique. Sur le moment, il est souvent anodin. Mais le risque majeur des coups de soleil à répétition est celui de cancer de la peau dont le soleil est la principale cause. Une protection est donc indispensa­ble pour éviter les effets de l’exposition solaire à court, mais aussi à long terme.

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(Photo Unspash) L’exposition au soleil peut entraîner des réactions de photosensi­bilisation dont les conséquenc­es peuvent être graves.
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Un exemple de réaction de photosensi­bilisation, lié à un médicament. (DR)

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