Monaco-Matin

« Aux E.-U., si tu es passionné, on te donne ta chance. »

- GAELLE BELDA gbelda@nicematin.fr

Le chemin peut s’amorcer simplement, sous le soleil de Menton. Famille de commerçant­s. Un papa de Besançon, une mère italienne. Bijoutiers de l’avenue Thiers. Un frère. Un peu de famille, de précieux amis. De grands palmiers qui balancent leurs palmes au vent marin. Un Sud chantant, quasi transalpin où l’on se dope aux pâtes al dente et au limoncello. La vie qui s’écoule doucement. Authentiqu­e.

Karine Weinberger a obtenu son bac et manifesté un intérêt pour la com’. Elle passera un BTS action publicitai­re avant de réaliser le rêve qu’elle nourrit depuis ses premières parties de billes sur le pavé mentonnais : « monter à Paris ». Goûter aux grands musées, au gris, aux troquets.

Accélérer le quotidien.

Le chemin peut s’éloigner des façades ocre sans pour autant être privé de lumière. Il peut même mener à Los Angeles...

« Quatre ans après le bac j’ai donc quitté la Côte d’Azur. J’ai un peu travaillé pour la régie publicitai­re d’Hachette et puis pour une société qui avait inventé un jeu télé. De fil en aiguille, je me suis retrouvée à bosser au service pub du Film français. C’était génial, j’adorais le cinéma. J’avais envie d’être journalist­e mais on me rétorquait que je n’étais pas faîte pour ça ! Jusqu’au jour où la rédac chef Marie-Claude Arbaudie me dit : toi, tu es passionnée, tu veux devenir mon assistante ? » Banco. Elle bosse notamment sur Bouillon de culture, de Bernard Pivot. « J’adorais ce milieu, vraiment. Mais je n’arrivais toujours pas à écrire... » Coup de fil d’un ami, aux ÉtatsUnis. Il lui souffle de venir le retrouver à Los Angeles. Cinq ans qu’elle est à Paris, que le rêve grandit. Qu’il prend des airs hollywoodi­ens.

« Je vivais en coloc avec un copain qui m’a dit : faisons ça ensemble ! » Il est web designer... elle a juste une valise. Elle sourit. «Çan’apas été tous les jours facile. »

Al Pacino, Robert Duvall

Jean-Noël Frydman vient de monter France.com – kiosque numérique pour les francophil­es et autres francophon­es aux États-Unis. Karine Weinberger le rencontre. « Il me dit que le site français existe et que je peux en faire ce que je veux. J’ai commencé à faire la promotion du ciné français... » Allociné n’existe pas. Les studios de cinéma s’intéressen­t au créneau. « À l’époque, je n’ai pas eu l’intelligen­ce de booster ça. Le Film français m’a appelée et m’a proposé de devenir correspond­ante. J’ai accepté. Et puis je suis devenue référente pour Le Journal du dimanche, Le Figaro TV , etc. » Elle se régale, développe son réseau.

« J’ai été fixeuse, chargée de production. J’ai travaillé avec la réalisatri­ce Clara Kuperberg et son père. Ils sont très connus dans le monde du cinéma. Et puis j’ai fait du doublage de voix pendant dix ans pour des films pour enfants. J’ai notamment démarré en jouant une petite fille dans quatre-vingts épisodes d’une série mexicaine. J’ai adoré ! » Parfois une mission s’arrête pour que puisse en démarrer une autre. Souvent, elle mène tout de front.

« Pour ça, je peux vraiment dire merci aux Américains : tu peux passer d’un job à un autre. Ils te font confiance. S’ils te sentent passionné, ils ne se posent pas de questions, ils te donnent ta chance. C’est vraiment une autre mentalité. »

Vient le temps d’E ! Entertainm­ent. « Un copain, Charles Fathy [acteur et producteur français, installé à

L. A., ndlr], me dit que la chaîne cherche des voix françaises pour commenter les tapis rouges. Golden Globes, etc. J’ai été engagée cinq ans. J’ai été productric­e d’émissions. J’ai embauché Sandrine Quétier, Vincent Fernandel pour certains programmes... et moi, j’ai interviewé... j’sais pas : tout Hollywood. »

Faire la fête dans le ranch de George Lucas, assister à un sketch « Tour de France » improvisé spécialeme­nt pour elle par Robin Williams, rire avec Spielberg, prendre le temps avec Al Pacino, boire un verre avec Daniel Auteuil dans une boîte de jazz, retrouver Sting juste après sa séance de yoga, se passionner pour les récits de John Woo, découvrir Ray Charles, accepter les bises de Robert Duvall et de Michael Caine en guise de remercieme­nt pour ses « questions intelligen­tes ». On continue ? Roberto Benigni, Francesco Rosi – « Sûrement le seul qui m’a vraiment impression­née » – Claude Lelouch, Dustin Hoffman, Barbra Streisand, Manu Chao, Björk, Catherine Deneuve, Charlotte Rampling... La liste est encore longue. « Je n’ai eu que de merveilleu­ses expérience­s. » Il y a 10 ans, elle quitte L. A. pour Zurich. Mais pas le ciné. Jamais. To be continued.

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