Monaco-Matin

« Aller encore plus loin dans la démarche locale. »

- CLÉMENT PÉDRON nous@nicematin.fr

En découvrant il y a cinq ans un rosé de Provence dans un restaurant de Cannes, Jean-Philippe Le Gleuher ne se doutait pas qu’il ferait de ce coup de coeur un business. « J’avais apprécié ce vin et j’ai voulu m’en procurer », raconte le Breton d’origine. Mais après avoir fait le tour des cavistes de la région sans succès, cet ancien agent commercial à Sophia Antipolis se rend finalement chez le producteur au Château Pigoudet à Rians pour y acheter la référence tant recherchée. « Sur la route du retour, je me suis dit : “C’est dommage, c’est un vin local, et les gens du coin ne peuvent même pas en acheter.” »

L’idée venait de germer en lui. Elle ne se concrétise­ra que quatre ans plus tard avec le lancement d’Initative locale en juin 2019, société qui gère le site Internet Le Vin du coin. Mais ce n’est que l’hiver dernier que le système d’abonnement à des box de deux bouteilles de vin a véritablem­ent été lancé.

Six cents producteur­s contacts

Le pari local de Jean-Philippe ne s’arrête pas aux seuls vignerons de nos terroirs. Il veut aussi faire bénéficier de ses ventes et de son réseau les commerçant­s du coin. De fait, le père de famille hyérois a également noué un partenaria­t avec certains d’entre eux, qui font office de point-relais Initiative locale.

En plus de valoriser le commerce de proximité, les clients bénéficien­t de deux euros de bons d’achat chez ces commerçant­s lors de chaque retrait. De quoi doper le circuit court et l’écosystème régional !

Diplômé d’oenologie, Jean-Philippe a rencontré de nombreux vignerons pour sélectionn­er des vins qui proviennen­t uniquement de cépages de Provence.

« Nous avons recensé près de six cents producteur­s pour élargir notre gamme, ajoute le caviste en ligne. Les clients, via leur abonnement, découvrent deux vins différents tous les mois. Leurs provenance­s ne sont pas connues à l’avance. » Mais comment cela fonctionne-t-il ? Le principe est très simple : dès son inscriptio­n sur le site levinducoi­n.fr, l’abonné se voit ouvrir un profil dégustateu­r en ligne sur lequel il rentre ses préférence­s gustatives. Un quiz et un questionna­ire sont envoyés lors de chaque réception de colis. Avec ces retours, Jean-Philippe affine le contenu de la prochaine box. Le Vin du coin dispose déjà d’une quarantain­e de clients qui peuvent choisir des abonnement­s pour trois, six, douze ou vingt-quatre mois.

Une réussite qui a forcément dû subir un petit coup d’arrêt avec la pandémie de Covid-19 et le confinemen­t du printemps dernier. Mais pas de quoi entraver le naturel optimiste du jeune entreprene­ur.

« Finalement, cela a été un mal pour un bien. Avec mes associés, on a pris un peu de recul et on s’est dit qu’il fallait aller encore plus loin dans la démarche locale et de contact avec les clients, raconte Jean-Philippe Le Gleuher. De toute façon on n’avait pas trop le choix, nos commerçant­s-relais étaient fermés, alors on a dû assurer nous-mêmes les livraisons à nos clients. On s’est dit aussi que ce serait bien d’élargir notre offre sur le site en proposant d’autres produits locaux que les seuls vins. Nous allons y travailler, d’autant que ça permet de donner un coup de main aux artisans-producteur­s en galère, comme ce brasseur qui ne pouvait plus vendre ses bières locales pendant le confinemen­t... »

Soirées événements

Le Vin du coin propose aussi des ventes « capsules » avec six cuvées spécialeme­nt sélectionn­ées. Si un vin obtient les faveurs d’un client, il peut le commander directemen­t depuis le site Web et bénéficier d’un tarif préférenti­el. En septembre, Le Vin du coin va s’associer avec la box Curtis Music pour proposer une box musicale (vinyle et CD) et thématique autour d’un rosé de Provence.

En parallèle, la jeune société hyéroise va lancer des soirées événements avec des partenaire­s locaux. « Plutôt que de proposer des ateliersdé­gustations trop formels, avec paiement à l’entrée, on va organiser des soirées découverte­s autour d’un quiz sur les arômes d’un vin par exemple. Un peu sur le mode de ventes privées. Le concept s’appellera Panthère rose. »

Mais que vient faire l’animal préféré des films de Blake Edwards dans cette histoire ?

« Vous ne le saviez pas, se marre le facétieux Jean-Philippe, mais la panthère rose vit en Provence et y chasse les meilleurs vins rosés confidenti­els de la région... »

Tout s’explique !

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