UN POINT À TOUTE VITESSE
Entre l’observatoire de Nice et un emplacement situé sur cette autre commune azuréenne, l’astronome Henri-Joseph Anastase Perrotin a déterminé la mesure de la vitesse de la lumière.
Savez-vous que la première mesure précise mondiale de la vitesse de la lumière a été effectuée entre l’observatoire de Nice et le jardin d’une maison de La Gaude ?
Non ? Peu de gens le savent. En effet, à la fin du XIXe siècle, il devenait primordial de connaître la vitesse de la lumière pour avancer, tant en astronomie qu’en physique. Et jusqu’à présent, personne n’a pu réellement la quantifier. C’est donc, l’astronome Henri-Joseph Anastase Perrotin qui, dès son arrivée comme directeur du nouvel observatoire de Nice, décide de se lancer dans l’aventure de déterminer la vitesse de la lumière. Il est conscient de la difficulté à la quantifier, mais il sait que cette quête peut le faire entrer, ainsi que l’observatoire de Nice, dans la grande histoire de la science astronomique. Dès 1898, grâce à la qualité exceptionnelle des outils de l’observatoire, Perrotin, accompagné de deux assistants Stéphane Javelle et Maurice Prim, commence des essais directement au grand équatorial de l’observatoire de Nice. Mais, ce n’est pas concluant…
La petite lunette et le miroir
Rapidement, il s’avère qu’il faut trouver le point exact qui pourrait livrer les données les plus précises possible. Sa rencontre avec Jean Hippolyte Marie Ambayrac, professeur de physique au lycée de Nice qui habite à La Gaude, sur le plateau des Condamines est déterminante. Ils décident de déplacer le point de calculs sur la propriété qui, distante de 12 kilomètres environ et à la même altitude que l’observatoire, se trouve en vis-à-vis direct avec ce dernier. Pour ce faire, ils vont perfectionner le dispositif de roue dentée construit et déjà utilisé pour la lumière par le physicien français Alfred Cornu (1841-1902). Le lieu qui deviendra « la mire » est choisi pour sa luminosité, ce qui va permettre des mesures plus faciles, plus précises et sur une plus grande distance.
En fait, les mesures sont effectuées sur un parcours aller-retour entre l’observatoire du Mont-Gros à Nice et la mire (lire encadré cicontre). Les tests sont donc effectués avec une petite lunette ou roue de 6,5 cm sur 80 cm et un miroir, installés sur un pilier dans la propriété d’Ambayrac. Celui-ci a pour mission de surveiller l’appareillage et de régler le dispositif. Avant chaque série d’émission, il faut le fixer de manière à faire coïncider l’image de la roue de Nice avec la position du miroir réfléchissant gaudois. En 1900, après plus d’un an de mesures quotidiennes, Perrotin annonce à l’Académie des sciences : « Après bien des tâtonnements, des déceptions de toute nature, nous sommes parvenus à surmonter la plupart des obstacles qui nous avaient longtemps tenus en échec. Le résultat de 299 880 km/s est d’une précision inégalée. » La France et surtout la mire de La Gaude sont donc les premières à fournir la vitesse de la lumière avec une telle exactitude. Le principe gaudois restera la référence internationale jusqu’en 1975 où il sera affiné. C’est celui que l’on retrouve encore aujourd’hui dans nos systèmes GPS. Le domaine existe toujours et le propriétaire actuel Dominique Petry-Amiel a retrouvé une plaque en marbre, témoin de cette découverte exceptionnelle.
Remerciements à Jean-François Saluzzo, conseiller municipal à la valorisation du patrimoine de La Gaude et Dominique Petry-Amiel, propriétaire de la villa qui abrite la mire.
D’une découverte mondiale, il ne reste qu’une stèle en pierre.