L’Europe lui donne des ailes
Leipzig, fondé en 2009, est passé en une décennie de la 5e division allemande au dernier carré de la C1, par la volonté de Red Bull et de son patron milliardaire, l’Autrichien Dietrich Mateschitz
L’ascension vertigineuse
2009 : Red Bull, la marque autrichienne de boissons énergétiques, cherche à prendre pied dans le football, après ses succès dans les sports extrêmes et en Formule 1. Plutôt que d’acheter un grand club, Mateschitz décide de reprendre la licence d’un club de 5e division, et de le doter d’un budget pour progresser : le RB Leipzig voit le jour. Dans un football d’exAllemagne de l’Est en mal de sponsors, la greffe prend. En sept ans, le RB grimpe du foot régional au national, passe professionnel, reste deux ans en deuxième division, et déboule dans l’élite en 2016. Ses principes : s’appuyer sur son centre de formation très performant, et n’engager que des joueurs de moins de 25 ans. Parmi eux, un certain Timo Werner, 20 ans, arrive de Stuttgart. Il va devenir une star en quelques mois.
Le défi au Bayern
L’ambition est clairement affichée : s’établir en quelques années au sommet du foot allemand, où le Bayern et Dortmund font la loi. Le nouveau venu est d’abord mal accueilli. Les dirigeants de plusieurs clubs allemands accusent Red Bull d’avoir fabriqué de toutes pièces un produit marketing sans âme, juste pour promouvoir sa marque. Mais le RB, avec son équipe de quasi-inconnus, bouscule la vieille Bundesliga. A la stupéfaction générale, le promu prend la tête du classement en novembre, après 11 journées. Et la garde pendant trois semaines ! Au final, le club termine vice-champion derrière Munich et se qualifie pour la Ligue des champions dès sa première saison dans l’élite. Werner finit l’exercice avec 21 buts. « Nous avons maintenant un deuxième ennemi, en plus de Dortmund », lance Uli Hoeness, alors président du Bayern.
L’ancrage au sommet
La première campagne de C1 s’achève en phase de poules, et l’équipe digère mal le rythme des deux matches par semaine : Leipzig
termine 6e du championnat. Mais les deux saisons suivantes (2018-2020) voient le nouveau venu s’établir pour de bon au sommet, avec deux troisièmes places, chaque fois derrière le Bayern et Dortmund. En 2019, la jeune formation s’offre même une finale de Coupe d’Allemagne, perdue 3-0 contre le Bayern pour la dernière du duo Robben-Ribéry. « Je n’aime pas particulièrement leur modèle économique », grommelle le patron de Dortmund Hans-Joachim Watzke, « mais sportivement, ils
APRÈS L’HUMILIATION FACE AU BAYERN
font les choses vraiment bien ». Le RB, reconnaît-il, est devenu «la troisième force du football en Allemagne (...) et nous devrons nous en méfier terriblement dans les années à venir ».
Nagelsmann pour l’Europe
Les dirigeants avaient programmé la prochaine grande étape du développement pour cette saison 2019-2020 : le recrutement du jeune et ambitieux entraîneur Julian Nagelsmann, 33 ans, devait faire franchir un palier au club. « En termes de salaires et de transferts, Leipzig ne peut pas lutter contre le Bayern, ils sont sur une autre planète », lance Nagelsmann en arrivant, « mais avec une équipe affamée, on peut leur disputer des titres ». Après la 3e place en Bundesliga, l’accession mardi en demi-finale de Ligue des champions contre le PSG a transformé le coup d’essai en coup de maître. Une finale - contre Munich ? -, si elle se concrétisait, dépasserait sans doute les rêves les plus fous de Dietrich Mateschitz !