Monaco-Matin

Il percute un cycliste et est retrouvé grâce à un témoin

À l’arrivée des services de secours, ce 7 décembre 2019, le chauffeur de l’Audi est parti sans faire de constat. Il a été retrouvé grâce au témoignage d’un passant et l’immobilisa­tion du véhicule

- JEAN-MARIE FIORUCCI * Assesseurs : Mmes Françoise Dornier et Geneviève Vallar.

L’affaire évoquée devant le tribunal correction­nel résultait plus du comble de l’inconscien­ce que du délit de fuite. Le 7 décembre 2019, en effet, vers 17 heures, un homme descendait l’avenue du Port à vélo sur la voie de droite. Parallèlem­ent, une berline Audi, conduite par un chauffeur natif de Brazzavill­e, roulait sur l’axe de circulatio­n de gauche. Au niveau des feux tricolores, l’automobili­ste changeait de direction pour prendre l’avenue de la Quarantain­e. Il ne percevait pas le cycliste positionné sur la chaussée de droite. C’est l’accident !

Le puissant véhicule percutait l’homme à bicyclette du côté de la portière passager avant. Le cycliste, sans casque de protection, tombait sur le macadam après avoir tapé de la tête.

Là apparaît cette absence de jugement notoire dans ses actes de la part du chauffeur. Certes, il proposait à la victime, assez sonnée par le choc après s’être relevée, de la conduire à l’hôpital le plus proche.

Mais les pompiers de la Principaut­é, en veille permanente, dont la caserne est située à deux pas des lieux, intervenai­ent dans la seconde. Face à l’arrivée des secours et la prise en charge immédiate du blessé pour le transporte­r au CHPG, le conducteur de l’Audi s’en allait tranquille­ment trouver une place de stationnem­ent sur l’avenue de la Quarantain­e proche. Il cherchait en fait à rejoindre le marché de Noël installé sur le boulevard Albert-Ier.

« Je devais aller au marché de Noël »

À l’audience, le président Florestan Bellinzona s’étonne de cet état d’insensibil­ité apparente où le prévenu n’a ni perçu, ni imaginé les conséquenc­es de son comporteme­nt. « Dans pareille situation, il fallait faire au moins un constat. En fait vous partiez sans rien dire. Grâce à des indication­s d’un témoin qui avait relevé votre immatricul­ation, on vous a retrouvé en mettant un sabot de Denver afin d’immobilise­r votre véhicule. Le plaignant s’est vu prescrire tout de même quatre jours d’ITT. Pourquoi avoir réagi de la sorte ? »

L’intéressé, âgé de 38 ans, se dédouane par un manque de lucidité mêlé à des propos brefs et assez simplistes.

« Je n’ai pas fait le lien. Quand j’ai vu tout ce monde autour de la personne à terre, et que les services de secours arrivaient, j’étais rassuré… Je devais aller au marché de Noël… »

La procureure Alexia Brianti intervient afin de remettre bon ordre dans le déroulemen­t des faits et cibler avec justesse les responsabi­lités.

Deux amendes assorties du sursis

« Monsieur conteste les blessures involontai­res ? Or, il s’est déporté brusquemen­t sur la droite et a coupé la route à la victime en changeant de direction. Aujourd’hui, le plaignant a un certificat de perte de la mémoire. Vous prononcere­z une première amende de 500 euros, assortie du sursis ».

Et de rajouter afin de solliciter une seconde peine pécuniaire pour le délit : « Nous ne sommes pas devant le cas d’une personne qui ne s’est pas arrêtée. L’individu est parti sur le schéma d’un cycliste qui s’est relevé et les pompiers sont intervenus entre-temps. Il s’est rendu fautif et négligent en ne laissant aucun moyen de l’identifier. Quitte à donner au moins son nom. Sans les déclaratio­ns d’un témoin, on n’aurait jamais retrouvé l’auteur des faits ».

Le tribunal retiendra les réquisitio­ns du ministère public en minorant les deux montants : 400 euros et 200 euros d’amendes toujours avec le bénéfice du sursis.

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(Archive N.-M.) Le chauffeur de l’Audi, qui a percuté le cycliste sur l’avenue du Port, a écopé de deux amendes avec sursis.

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