Ils ont ouvert un commerce malgré la crise sanitaire
Boutiques de déco, d’habillement, coiffeur ou restaurants… Ils ont lancé ou étendu leur activité à Menton au lendemain du confinement. Zoom sur ces enseignes qui défient les incertitudes économiques
Alors que les prévisions économiques sont alarmantes en cette période de crise sanitaire liée au Covid-19, des Mentonnais ont décidé de défier le sort et de lancer leur activité.
La ville a ainsi vu se créer ou s’étendre au moins dix-sept nouvelles enseignes sur son territoire. « Il s’agit pour l’essentiel de commerces de bouche mais il y a aussi deux boutiques de vêtements, un coiffeur ou encore des boutiques de véhicules électriques », note Baptiste Sassi, responsable du service Occupation du Domaine public.
« Quand on crée, on ne peut que grimper »
« La crise économique n’a pas conscience des moyens déployés par la Ville. La municipalité a exploité toutes les possibilités légales pour faciliter
(1) le commerce pendant cette période », soutient Daniel Allavena, adjoint au maire et délégué, entre autres, à l’occupation du Domaine public. Autant de mesures qui ont permis aux commerces existant de « tenir » et aux nouveaux de s’installer « dans de meilleures conditions ».
Plusieurs projets ont ainsi pu voir le jour malgré les craintes.
« Autour de moi, on m’a souvent demandé comment je faisais pour ouvrir un commerce dans la situation actuelle, admet Widad Tesse, gérante franchisée du salon de Coiffure « Jean-Louis David », rue Partouneaux. Je pense que quand on crée à partir de rien, on ne peut que grimper. Cette crise, c’est pour les commerçants qui avaient déjà une affaire qu’elle doit être difficile à passer. »
C’est aussi le cas pour ceux qui avaient prévu de se lancer avant le confinement. « Je venais de signer le bail 15 jours avant, se souvient Cédric, de la boutique d’art graphique « WeMood », rue Félix-Faure. Je prévoyais une ouverture courant avril pour avoir le temps de me faire connaître avant l’été. » Mais c’était sans compter sur la crise sanitaire...
Le temps d’engager les travaux, il n’a pu ouvrir sa boutique qu’au mois de juin. « Mais il a quand même fallu honorer les factures d’un magasin qui n’avait pas encore d’activité. J’ai dû remettre de l’argent de ma poche, sinon c’était fini », confie-t-il, précisant qu’il possède également une boutique à Nice. Heureusement, l’été a permis d’attirer les clients, même s’ils étaient moins nombreux qu’attendus.
« Il y a quand même un peu de monde. La boutique intrigue. À Nice, j’ai une belle clientèle italienne qui aime ce que je fais. Je sais que j’ai la possibilité de la retrouver ici, à Menton », espère Cédric.
Même espoir pour la gérante du salon de coiffure « Jean-Louis David ». « Nous avons ouvert le 8 juillet. Il y a des clients qui sont déjà revenus en août, c’est bon signe .»
À l’angle des avenues Carnot et Édouard VII, Simon Testa a vu l’activité de son magasin de véhicules électriques Greenlines « doubler, voire tripler » depuis le déconfinement. « Les gens se sont jetés sur les vélos. Avec la prime de 50€ versée par l’État pour les réparations, mon activité a augmenté également. » À tel point que le Mentonnais, qui nourrissait depuis longtemps le souhait de développer son activité, a pu racheter le local juste à côté. « J’ai eu suffisamment de trésorerie pour acheter les fonds sans trop emprunter. L’ancien local servira d’atelier, tandis que le nouveau sera utilisé comme lieu d’exposition. » Persuadé que le futur ne pourra pas compter sans les véhicules électriques, le gérant a déjà passé toutes ses commandes et développé son offre avec une gamme de scooters, cette fois.
Attentif sur l’avenir
Ça bouge aussi au sein des Halles municipales. « Quatre cabines qui étaient vides jusqu’à présent ont trouvé un repreneur. Les travaux sont en cours », explique Baptiste Sassi, qui estime : « Pour l’heure, la ville n’enregistre pas de fermetures de commerces directement liées au Covid-19 ».
Ce que semble confirmer le président de l’association des commerçants « Menton Sourire ». « On reste attentif sur l’avenir, prévient toutefois Marc Jasset. Avec la vague de licenciements annoncée dans l’industrie, les bassins d’emplois comme Monaco et Sophia Antipolis risquent d’être touchés. Si les habitants ont moins de pouvoir d’achat, ils pourront moins consommer. Et c’est là que les commerces pourraient être touchés. » Pour conjurer le sort, l’association travaille à l’élaboration d’une plateforme en ligne de « click and collect » commune à tous les commerces de la ville afin de faciliter les achats dans les boutiques. Parallèlement, la mairie assure qu’elle poursuivra ses efforts pour booster la fréquentation touristique « le plus longtemps possible ».
1 - Pour rappel : gratuité du stationnement jusqu’à mi-juillet, autorisation d’extension des terrasses de restaurants et des étalages des boutiques, piétonnisation du bord de mer et de la rue Trenca, etc.