Rentrée sous haute tension
Jupiter imaginait-il le soir de son élection en mai que, trois ans plus tard, il serait confronté à des travaux dignes d’Hercule ? Car c’est bien de cela qu’il s’agit dans cette rentrée à nulle autre pareille depuis de nombreuses décennies. Chaque mois de septembre est l’objet de spéculations rituelles, sociales et politiques. Cette année, il en va tout autrement : les obstacles que va devoir franchir le pouvoir sont concrets, considérables et constituent chaque fois un défi. Le premier est sanitaire avec le rebond de la pandémie et un horizon pour la crise sanitaire qui se dérobe encore. Nul ne sait, en effet, combien de temps elle durera même si la perspective d’un vaccin se rapproche et les traitements deviennent plus efficaces. Cette incertitude oblige le pouvoir à prendre de nouvelles mesures. Il semble cependant tâtonner ou hésiter, notamment sur le port généralisé du masque à l’extérieur alors que des milliers de communes l’ont déjà imposé. L’opinion ressent d’ailleurs ce flottement. Il rappelle la cacophonie gouvernementale du printemps sur le port du masque et éclaire l’actuel décrochage de l’exécutif dans les sondages de popularité. Dans un pays sous tension, il ne suffit pas de parler encore faut-il le faire clairement et décider vite. Cette approche s’impose aussi sur le terrain économique et social. La situation est telle qu’on ne comprend guère pourquoi le pouvoir n’a pas abattu plus vite la carte de son plan de relance de milliards d’euros. L’Allemagne a compris cette urgence et lâché milliards début juin. Les jours perdus sont autant de risques supplémentaires pour les entreprises en difficulté à cours de trésorerie. La relance est aussi un impératif pour essayer d’endiguer une vague massive de chômage d’ici à la fin de l’année. La tâche du chef de l’Etat est d’autant plus lourde que la crise sanitaire et économique est mondiale. L’efficacité de son action va donc dépendre très largement de ce qui se passe au-delà de nos frontières. Sur sa feuille de route, la bonne nouvelle est son entente retrouvée avec la chancelière allemande. Elle a permis en juillet de faire adopter un plan de relance de milliards d’euros inédit. Mais il est loin de tout régler dans une Union où, en cette rentrée, chacun agit de nouveau à sa guise face au rebond épidémique. Là encore, Emmanuel Macron a du pain sur la planche tout comme sur la scène internationale avec la multiplication des crises : en Biélorussie, au Mali, en Méditerranée, etc. Il n’a pas d’autre choix que de se déployer sur tous ces terrains mais c’est sur son action dans l’Hexagone que les Français d’abord l’attendent.