Monaco-Matin

« Se placer comme le casino le plus sécurisé d’Europe »

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La Covid-19 a impacté la façon de jouer ”

Les masques tombent quand le jeu s’accélère ”

Boris Donskoff, à la tête du casino de MonteCarlo, évoque la façon dont son établissem­ent et son personnel ont dû s’adapter au contexte lié à la crise sanitaire. Comment, pas à pas, ils ont procédé à des ajustement­s dans le processus de déconfinem­ent. Toujours avec l’aval du gouverneme­nt princier, qui lui a décerné le label « Monaco Safe ». Le responsabl­e de ce lieu mythique de la Principaut­é évoque aussi l’absence préjudicia­ble de certains gros clients étrangers.

Comment faire fonctionne­r un casino sous l’ère de la Covid- ?

Le premier acte fut la création d’un plan sanitaire avant la réouvertur­e des casinos, lequel a été soumis au gouverneme­nt princier. Celui-ci nous a autorisés à rouvrir le  juin, dans la foulée des restaurant­s. On est alors rentré dans une phase dite de « stopand-go ». Tous les  jours, on proposait au gouverneme­nt de nouvelles adaptation­s dans le processus de déconfinem­ent. Il acceptait ou refusait. Avec le recul, je pense que le déconfinem­ent a été plus compliqué que la création du plan sanitaire.

Vous avez obtenu, depuis, le label Monaco Safe qui garantit aux clients que les mesures sanitaires sont respectées…

On est tenu de respecter à la lettre ce label, de faire en sorte que les clients se sentent en sécurité dans notre casino. Ce sont des

‘‘ mesures contraigna­ntes, difficiles à faire perdurer. Mais on veut se placer comme la destinatio­n et le casino les plus sécurisés d’Europe. On voulait ouvrir avant tous nos homologues du continent, ce qui a été chose faite. Certains, comme en Angleterre, n’ont toujours pas rouvert.

Qu’y a-t-il chez vous qu’on ne retrouve pas chez les autres ?

Le départ du plan sanitaire était très sécurisé en termes de gestion des tables de jeux, à savoir le Plexiglas, les mesures de nettoyage, la distanciat­ion sociale. C’était le premier axe. Le deuxième portait sur les conditions de jeu. On les a modifiées de façon à ce que les joueurs se sentent encore plus sécurisés tout en conservant ce plaisir du jeu. On a limité la jauge aux tables.

Si l’on prend l’exemple de la roulette européenne, le nombre de clients était illimité. Il a été réduit à six avec la crise sanitaire. In fine, c’est compliqué pour le casino.

Quelle est la perte financière sur ces jeux de table ?

Elle est difficile à mesurer. Elle se calcule par rapport au manque de clients pouvant jouer à table. La Covid- a, aussi, impacté la façon de jouer. Les mesures sanitaires ralentisse­nt énormément le jeu. À la roulette européenne, au moment de la relève, l’employé doit nettoyer la boule, le cylindre, le râteau, son poste de travail, sa caisse à jetons, sa chaise. C’est une perte de temps énorme qui, à la fin de la soirée, génère une perte d’activité.

Tout le personnel des jeux est-il revenu sur le terrain ?

Certains sont encore en chômage total temporaire renforcé. Il faut une équité sur tous les services de jeux. Cela fluctuera en fonction du nombre de clients.

Quelle clientèle ne voyez-vous plus ou moins ?

Sans les vols internatio­naux, on ne voit plus du tout les clients d’Asie, des États-Unis. Et très peu les joueurs du Moyen-Orient.

Ce sont pourtant vos plus gros joueurs…

C’est exact. Ils représente­nt  % de notre activité sur les gros joueurs. C’est une grosse perte d’activité. On dépend beaucoup de la réouvertur­e des aéroports et vols internatio­naux.

Des cas positifs à la Covid- ont-ils été enregistré­s parmi le personnel ?

Il y a eu une personne détectée pendant le confinemen­t et traitée au CHPG. C’est le seul cas.

La clientèle se montre-t-elle récalcitra­nte pour le port du masque ?

Non, elle comprend très bien que l’on fait avant tout cela pour les protéger. Fin août, toutefois, on constate que les masques tombent quand le jeu s’accélère, que l’adrénaline commence à faire son effet. C’est un peu pesant pour les clients après plusieurs heures de jeu. Il faut constammen­t être derrière eux pour leur faire remettre. C’est le rôle de tout le personnel. La Covid- est l’affaire de tous.

Comment voyez-vous l’avenir ?

Personne ne s’attendait à cela. Tout le monde pensait qu’au mois d’août, l’affaire serait réglée avec la chaleur estivale. Ce n’est pas du tout le cas.

On est rentré dans quelque chose de compliqué : la nouvelle normalité. Elle va perdurer dans le temps, tout comme les gestes barrières. Charge à nous de faire au mieux pour que le client se sente bien dans nos casinos. On continuera à mettre de l’énergie et de l’animation. On a remis en place les live music du jeudi au dimanche soir. On a organisé un dîner intimiste dans la suite Princesse Grace pour d’importants clients. On pense à organiser, au mois d’octobre, des tournois de punto banco. Pour l’heure, il n’y a plus les grandes soirées pour les clients VIP. On en aura peutêtre une en novembre, selon l’évolution de la crise sanitaire.

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(Photos Jean-François Ottonello) Boris Donskoff, directeur du casino de Monte-Carlo.

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