Les repreneurs s’estiment dans la légalité
Fabrice Mangoni, qui a fait ses premiers pas à lou Caïreu niçart et qui préside la Ciamada nissarda, veillait sur le groupement en sommeil. Il revient, avec documents à l’appui, sur la chronologie de cette hibernation consentie par toutes les parties. Début 2017 : « L’effectif du groupe folklorique lou Caïreu niçart est quasiment nul depuis plusieurs mois ainsi que les activités telles que la danse, les prestations, les réunions, les répétitions, les assemblées générales et j’en passe. »
Mars 2017 : « Le vice-président du Caïreu niçart, Sébastien Daniele, dit “Baba”, et moi-même, poursuit Fabrice Mangoni, avons discuté de l’avenir du groupe, car M. Daniele n’avait plus de nouvelles de la présidente, Mme Sandona-Bouisset. Celle-ci ne répondait plus au téléphone et restait muette. Il a été convenu avec les membres restants du Caïreu de procéder à une assemblée générale extraordinaire pour la mise en sommeil du groupe et non sa dissolution. Le vice-président a procédé, avec mon aide, à la rédaction des convocations, procès-verbaux, pouvoirs… pour régulariser cette situation. Il était inconcevable qu’un groupe folklorique créé en 1947 soit dissous par l’incompétence et le peu d’implication d’un de ses principaux dirigeants. »
Un membre de la Ciamada nissarda, Robert Operti, assiste en tant qu’invité et témoin à cette AG pour en vérifier la régularité.
La Ciamada Nissarda, légataire
Que ressort-il de cette réunion extraordinaire ? «Que l’ensemble du patrimoine matériel et immatériel est confié à la Ciamada nissarda, afin d’assurer sa bonne conservation, poursuit Fabrice Mangoni. C’est pour cela que Patricia Sandona-Bouisset m’a donné l’ensemble des costumes niçois rouges et bleus, hommes et femmes, ainsi que les costumes de carnaval, des spectacles et des tireurs de toile du paillassou, mais également la toile et le paillassou. J’ai également l’ensemble des papiers bancaires, administratifs ainsi que les cachets du groupe, que j’aidais depuis plusieurs années au niveau administratif. L’ensemble des documents a été envoyé à la préfecture afin d’être enregistrés et traités. » À la suite de ces changements, une déclaration en date du 7 juillet 2020 à la préfecture des Alpes-Maritimes, valide les modifications concernant lou Caïreu niçart, avec en outre, changement d’adresse, de l’îlot des Serruriers au 18 de la rue Mantega.
Relancer la machine
Dans lou Caïreu niçart revisité, Fabrice Mangoni fait partie du conseil d’administration. Il est affecté à l’artistique, « car il était garant des costumes et du matériel et qu’il doit être désormais, garant de ce qu’on va faire du groupe », enchaîne Gilles Roche, le nouveau président du groupe, sollicité par Fabrice, et par ailleurs patron d’une société d’événementiel. Statut « double » qui n’a pas manqué de faire grincer des dents. « Un mélange de genres bizarre », persifle un proche du monde folklorique, souhaitant rester anonyme. Gille Roche renvoie la balle : « Je peux légalement présider une association et diriger une entreprise privée à condition que les deux fiscalités soient différentes. » Ce qui est apparemment le cas.
Que veut faire Gilles Roche ? « Mettre des moyens en finances et en connaissances, dans un groupe en amenant d’autres méthodes de gestion et de production au sein du bénévolat. Moi, je veux juste remettre la machine sur les rails. J’ai commis une erreur de protocole en n’invitant pas Mme Sandona-Bouisset à la conférence de presse de présentation du Caïreu niçart réveillé. Pour nous, elle avait tourné la page. » Autant dire, qu’à son tour, Gilles Roche ne comprend pas la démarche de Patricia SandonaBouisset consistant à « mettre en sommeil un groupe, fermer les comptes bancaires, laisser la gestion à un groupe tiers, s’en détacher complètement et… s’offusquer lorsqu’une équipe revient pour relancer la tradition et la préserver ».