Annulation du Yachting Festival : le feuilleton n’est pas terminé
C’est tranché, l’événement cannois n’aura pas lieu, mais la polémique continue de faire rage. La Fédération des industries nautiques juge que l’organisateur a manqué de discernement
Si le plan d’eau du vieux port de Cannes est désespérément vierge d’unités en exclusivité mondiale, la joute entre l’organisateur actuel du Yachting festival et la Fédération des industries nautiques (FIN) ne manque pas de piquant ces jours-ci ! Les professionnels de la filière ne s’en étonneront pas pour le moins du monde. Car entre ces deux-là, la bataille ne date pas d’hier. En effet, un contentieux oppose depuis plusieurs années les deux parties — FIN et Reed Expositions — au sujet de la propriété même de cet événement majeur du nautisme international.
Alors, il y a dix jours, quand le préfet des Alpes-Maritimes a demandé à l’organisateur de revoir sa copie, avec une jauge de visiteurs ne dépassant pas les 5 000 visiteurs/jour, la FIN est montée à la vigie… Au point de laisser penser que Reed n’avait peut-être plus si envie que cela de maintenir ce festival, finalement plus aussi rentable qu’à l’accoutumée, avec les contraintes logistiques liées à la crise sanitaire. Pour la FIN, la décision de Reed est « lourde de conséquences pour la filière nautique française, déjà fortement impactée par la crise sanitaire. » Et les représentants de la Fédération, qui se sont entretenus avec le préfet des Alpes-Maritimes, disent ne pas comprendre pourquoi Reed s’est entêté « à demander une dérogation de 15 000 visiteurs par jour, soit trois fois plus que la limite imposée par le Gouvernement. Alors que le Yachting accueille en temps normal, environ 50 000 personnes sur 6 jours ? »
Toujours selon la FIN, « même en tenant compte de l’ensemble des professionnels qui travaillent sur les deux sites [vieux port de Cannes et port Canto], en régulant les flux par un comptage électronique en temps réel, ce scénario reste encore envisageable »… La FIN appelait donc à « sauver cette édition, dans la mesure où les bateaux à exposer faisaient déjà route vers Cannes, dans l’intérêt de la filière nautique et des professionnels du tourisme de la Ville de Cannes ».
« Erreurs de jugement manifestes », selon Reed
Comme une bouteille à la mer jetée… Qui s’est pris, hier soir, une virulente lame de fond. Et un retour à l’envoyeur, façon boomerang. En effet, le spécialiste anglonéerlandais de l’événementiel, acteur majeur au Palais des festivals de Cannes, a morigéné la FIN pour sa réaction et son appel tardif à maintenir le salon : « Nous avons dû adapter en urgence notre dispositif et déposer une demande de dérogation comme l’exige la nouvelle loi (...). La volte-face du préfet au dernier moment, sous la pression de l’aggravation de la situation sanitaire, a été le second choc, fatal au salon. La demande du préfet consistait à réduire drastiquement le nombre de visiteurs au Vieux-Port, où sont réunis 80 % des exposants, bien au-delà de la baisse anticipée. » Et l’organisateur échaudé d’insister : « Le Yachting ne peut pas se tenir, c’est une certitude. Faire croire le contraire aux exposants, déjà éprouvés, est irresponsable et cruel de la part de la FIN. L’appel de la FIN repose sur des appréciations totalement erronées des chiffres. Ces erreurs de jugement manifestes sont d’autant plus étonnantes que la FIN connaît très bien le Yachting Festival. On est en droit de se demander quels véritables objectifs poursuit la FIN », précise la direction de Reed Expositions.
Série noire
Mercredi, la 48e édition du Grand Pavois de La Rochelle (prévu fin septembre) a aussi été annulée. Hier, c’est le Metsrade d’Amsterdam, rendez-vous mondial des technologies pour la marine, (du 17 au 19 novembre) qui a affalé sa grand-voile. THOMAS PEYROT