Monaco-Matin

« Cette année il faudra profiter du Tour devant sa télé »

- PAR GRÉGORY LECLERC

Grand amoureux de la petite reine, le préfet des Alpes-Maritimes, Bernard Gonzalez, a dû prendre, hier, des mesures pour adapter le Tour de France au regard de l’évolution de la pandémie. Il nous en explique les raisons.

Le Premier ministre a dévoilé, hier, la nouvelle carte de France de la pandémie. Alpes-Maritimes et Var sont en rouge. Est-il bien raisonnabl­e de poursuivre l’organisati­on du Tour de France dans ces conditions ?

Ce passage en rouge avait été anticipé depuis de nombreuses journées. Tout un travail préparatoi­re avec ASO [Amaury sport

‘‘ organisati­on, ndlr] et la ville de Nice, avait été effectué pour permettre le départ de la Grande Boucle, même dans des conditions sanitaires dégradées. Nous avons mis en place le scénario le plus strict.

Comprenez-vous que ça renvoie un message brouillé au grand public ? Le Premier ministre a demandé d’éviter les fêtes familiales. De l’autre côté on organise l’une des plus grandes manifestat­ions sportives de France…

Comme vous le dites, nous ne sommes pas en temps normal. Le Premier ministre n’a pas manqué de le rappeler. C’est un événement qui se déroule en plein air. Des mesures très strictes ont été prises par l’organisate­ur et la ville de Nice. Il faut que chacun comprenne qu’on est dans une édition particuliè­re et que, cette année, on ne va pas forcément sur le bord des routes regarder le Tour de France et chercher à attraper des goodies. C’est une édition tout à fait spéciale qui se déroule dans un contexte spécial, avec des mesures spéciales.

Ça veut dire que vous, l’amoureux de la petite reine, leur déconseill­ez de se rendre au bord des routes ?

Oui. Quand on aime le vélo, qu’on a la passion, il faut plus que jamais cette année profiter des belles images retransmis­es par les médias. Il n’y aura pas le grand intérêt de la caravane, des goodies [il n’y en aura pas, lire par ailleurs, ndlr] et tout le folklore qui accompagne le Tour de France. Quand on est amoureux du cyclisme, des coureurs, on veut tout faire pour que cette édition ne soit pas perturbée. Pour se protéger soi-même, ses voisins, son environnem­ent, et protéger les coureurs. Le Tour de France est un monument national qui doit poursuivre son chemin. Cette année, c’est devant la télé qu’il faudra profiter du Tour.

Le port du masque sera obligatoir­e tout le long du parcours ?

Effectivem­ent, dans toutes les communes traversées par l’itinéraire. Un dispositif de distributi­on de masques a été mis en place par Amaury sport organisati­on. Au pied des cols, ceux qui voudront accéder devront absolument montrer, lors des barrages de gendarmeri­e, qu’ils sont bien équipés de cet indispensa­ble moyen de protection. Les coureurs le feront. Vous les verrez arriver masqués sur la ligne d’arrivée. Un dispositif occultant a été mis en place pour que les passionnés comprennen­t bien que ce n’est pas la peine de se mettre en danger. Respectez la volonté des coureurs. Ils ne veulent pas avoir de contact pour ne pas se mettre en danger. Ils ne veulent pas avoir de test positif et être sortis du Tour. N’oubliez pas qu’on peut être porteur asymptomat­ique, être en très bonne santé et pourtant diffuser le virus. Respectons ces coureurs qui ont fait des sacrifices énormes ces derniers temps en s’isolant pour se préserver du virus.

L’annulation du Tour a-t-elle été une option ces dernières heures ?

J’ai pris des mesures localement, mais ce n’est pas moi qui autorise la Grande Boucle. C’est un événement national. Le plan B, le scénario rouge étaient envisagés depuis longtemps. Nous avions des mesures, un dispositif et des moyens.

Y a-t-il, à votre connaissan­ce des cas positifs parmi les coureurs ou dans la caravane du Tour ?

Je n’ai pas d’informatio­n de ce type. Au moment où je vous parle, je n’en ai pas eu connaissan­ce. J’ai interrogé la direction du Tour en début d’après-midi, la réponse était négative ().

Concernant le port du masque envisagez-vous une généralisa­tion sur tout le départemen­t ?

Sur ces sujets, nous avons mis en place des comités territoria­ux. Au niveau de la Métropole, nous avons bien avancé. Le port du masque va être généralisé sur ces communes. Je reçois d’heure en heure les demandes spécifique­s. Nous sommes dans un dialogue avec les maires. Plus que jamais nous devons être dans des mesures de concertati­on partagées. Ce dialogue a été engagé avec Cannes, Antibes, la Casa, les différente­s intercommu­nalités. Les souspréfet­s sont mobilisés et au contact avec les différents maires. C’est nécessaire. On peut vivre dans une commune du moyen pays et venir travailler dans l’agglomérat­ion niçoise ou vivre à Antibes et travailler à Sophia. Il est nécessaire d’aboutir à une cohérence territoria­le la plus globale possible.

Alors le masque sur tout le départemen­t, ou pas ?

Respectez la volonté des coureurs”

Dans un premier temps nous enregistro­ns les demandes des maires qui le souhaitent. Après, nous allons dialoguer avec ceux qui ne le veulent pas. Ils nous donneront leurs raisons et je verrai ensuite. Pour l’instant il y a d’excellente­s réactions sur ce sujet que ce soit en zone rurale ou en agglomérat­ion.

Pour quand l’arrêté ?

Nous préparons tout cela, beaucoup de choses se bousculent. Ce vendredi se tiendra un nouveau comité local de mobilisati­on contre la pandémie. Nous avions eu des réunions la semaine dernière et en début de semaine. Celle de ce vendredi permettra de poursuivre les échanges avec les élus afin d’aboutir à de nouvelles mesures dans les meilleurs délais. PROPOS RECUEILLIS 1. On apprenait hier soir que deux membres de l’encadremen­t de l’équipe Lotto avaient été testés positifs (lire par ailleurs).

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