Monaco-Matin

L’épouvantai­l

L’équipe batave de la Jumbo-Visma avec Roglic et Dumoulin devrait faire fort !

- MATHIEU FAURE

La crise sanitaire va priver l’équipe néerlandai­se de son meilleur atout : son public. Les supporters néerlandai­s, fans invétérés des camping-cars, des roteuses, des perruques orange et du combo claquettes-chaussette­s qui, à chaque col escaladé par le Tour de France, prennent possession de tous les virages pour encourager les leurs aussi bruyamment que possible vont nous manquer aussi. Ce peuple orange qui a fait de ses enfants chéris, les Jan Raas, Michael Boogerd ou Erik Dekker, des idoles vivantes. Construite sur les cendres de la Rabobank, l’équipe Jumbo-Visma reste malgré tout une fierté nationale incroyable.

Souvent bien placée (57 victoires d’étape depuis 1984), l’équipe n’a encore jamais réussi à ramener le maillot jaune à Paris.

Et si c’était le cas en 2020 ? Quand on regarde la compositio­n de l’équipe au départ de Nice, il faut bien se mouiller la nuque : deux leaders qui ont déjà remporté un grand Tour chacun (Giro pour Tom Dumoulin, Vuelta pour Primoz Roglic), une garde rapprochée composée de bons grimpeurs (George Bennett, Sepp Kuss, Robert Gesink), de la polyvalenc­e (Tony Martin) mais aussi des puncheurs comme Wout Van Aert et Amund Grondahl Jansen. Clairement, sur le papier, JumboVisma a le plus bel effectif du Tour avec Ineos. Et encore, l’équipe néerlandai­se doit faire sans Steven Kruijswijk, troisième du dernier Tour de France mais absent sur blessure. Pas de quoi faire paniquer la direction de l’équipe qui, avec Roglic et Dumoulin, va se lancer dans le grand bain avec deux gaillards capables d’aller au bout. Jumbo-Visma parmi les favoris pour le sacre final ? Un peu, oui. Hier, la conférence de presse de l’équipe a d’ailleurs rassemblé

une grosse cinquantai­ne de journalist­es. On voulait voir l’épouvantai­l jaune et noir. « On voit que beaucoup de journalist­es internatio­naux veulent nous parler, cela montre que les gens nous considèren­t comme des favoris, assume Merijn Zeeman, le directeur sportif. Malgré le coronaviru­s, ça fait des mois que nous nous préparons ».

Une planificat­ion qui aurait pu voler en éclats avec la chute et l’abandon du leader de l’équipe, le Slovène Primoz Roglic, lors de la quatrième étape du Dauphiné il y a quinze jours. Un bref instant, la rumeur de son forfait a traversé le peloton. Intouchabl­e lors du Tour de l’Ain début août, le Slovène avait ridiculisé Egan Bernal et Nairo Quintana au Grand Colombier. Finalement, Roglic sera bien là.

En numéro 1 de son équipe. Oui, car il fallait trancher. Roglic ou Dumoulin ? Officielle­ment, les deux hommes partent à égalité. Arrivé en début de saison en provenance de Sunweb, Tom Dumoulin, de retour après une blessure au genou qui a gâché sa saison 2019, a d’abord pris le temps de découvrir sa nouvelle équipe mais surtout son co-leader. « Je pensais que Roglic était surtout concentré sur lui-même, en fait il est sympa », sourit Dumoulin, rouleur incroyable qui ne pourra s’appuyer que sur 36 kms de chrono sur cette édition.

Une cohabitati­on qui semble se passer assez sereinemen­t entre les deux coureurs. « C’est mieux d’avoir Tom avec moi que d’être en concurrenc­e avec lui, poursuit Primoz Roglic. Je vais beaucoup apprendre de lui car il était surtout devant moi jusqu’ici (rires). On va se concentrer sur nousmêmes avant tout. On aurait pu être trois leaders avec Steven, on va adapter notre stratégie en son absence. Mais on a une approche très simple de la course et la crise sanitaire : on commence à Nice, on termine à Paris. On veut remporter le Tour de France. »

Jumbo-Visma a le mérite de jouer cartes sur table et d’assumer son objectif. « On a déjà gagné des grandes courses, ce n’est pas non plus nouveau d’être en position de force pour gagner un grand Tour. On sait ce qu’on doit faire », rebondit Grischa Niermann, un autre directeur sportif. Du coup, la stratégie d’équipe peut se trouver légèrement modifiée. Un garçon comme Wout Van Aert, récent vainqueur de Milan-San Remo, ne pourra pas se concentrer sur la conquête du maillot vert : « L’équipe a une approche différente même si moi je vise des victoires d’étape. Le maillot vert aurait pu être un objectif mais on ne peut pas viser le maillot jaune et le maillot vert, cette année, on vise le jaune à Paris », lance le Belge, concentré sur l’objectif commun : le maillot jaune à Paris.

Même en l’absence de la ferveur populaire, l’équipe garde le cap. Tête haute et sérénité maximale à l’image de Tom Dumoulin. « On sait qu’il n’y aura pas de supporter néerlandai­s sur la course à cause de la crise sanitaire mais il faut bien remonter en selle. La situation est particuliè­re, à nous de nous adapter. Je ne me suis jamais senti en insécurité sur les autres courses. On a juste envie de dire aux supporters de porter un masque s’ils souhaitent venir sur la course ».

Car, à l’heure actuelle, à part la crise sanitaire, on voit mal ce qui pourrait faire dérailler la machine JumboVisma.

Cette année, on vise le jaune à Paris”

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