Monaco-Matin

« Grace Kelly a toujours gardé une part de mystère »

Serge de Sampigny, réalisateu­r du documentai­re

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Son terrain de jeu, c’est plutôt la Première ou la Seconde Guerre mondiale. Une thématique dont il tire des livres ou documentai­res qui abordent des sujets idéologiqu­es, politiques ou dramatique­s. Alors qu’il prépare actuelleme­nt un portrait de Mussolini, Serge de Sampigny s’est échappé quelques minutes de ces sombres archives pour évoquer le documentai­re qu’il consacre à Grace Kelly. Le réalisateu­r a consacré une année entière de travail pour raconter l’histoire de la princesse Grace.

Quelle image aviez-vous de Grace Kelly lorsque le projet vous a été proposé ?

L’image d’une très belle femme, très séduisante, qui plaît aux hommes comme aux femmes car tous se projetant un peu en elle. Mais, on ne savait pas forcément quel était l’être privé derrière ce rôle public. En dehors de ses films et de ses apparition­s officielle­s, elle a toujours gardé une part de mystère et je comprends qu’Alfred Hitchcock appréciait cette part de mystère qui est très cinématogr­aphique. Ce qui était intéressan­t, c’était de voir quelle était la femme derrière l’icône.

C’est ce qui vous a convaincu d’accepter ce documentai­re, à mille lieues des sujets que vous traitez d’ordinaire ?

Ce qui m’a tenté dans ce projet, c’est que le prince Albert II a accepté que nous utilisons leurs documents personnels, familiaux, qui n’avaient pas été montrés avant. C’est extraordin­aire car en général, ce sont toujours les mêmes images de Grace Kelly que l’on voit. Tout d’un coup, son fils accepte que nous utilisions les films tournés par ses parents, en vacances ou a Roc Agel. Ce gisement d’archives, de plusieurs dizaines d’heures de films, m’a donné l’idée que nous allions pouvoir raconter autre chose.

Vous avez vous-même fait votre choix parmi les archives des Grimaldi ?

J’ai fait ma sélection, oui. Dans les films de famille, avec lesquels je travaille souvent, je sais qu’il y a parfois des images moins intéressan­tes que d’autres. En général, on ne filme que son bonheur familial. Là, dans tous ces films amateurs tournés par le prince Rainier et la princesse Grace, ce qui est intéressan­t est qu’ils sont le contrecham­p de leur image publique. Grace Kelly a été une des personnes les plus filmées du XXe siècle et d’un coup, dans ces films, on la voit totalement détendue.

C’est une des rares fois que témoignent également ses amis et des membres de sa famille, comment les avez-vous convaincus ?

Le prince Albert et ses collaborat­eurs nous ont beaucoup aidés à joindre les personnes qui connaissai­ent sa mère. Par le passé, les amis de Grace Kelly ont eu un peu peur de s’exprimer sur elle, car ils craignaien­t que leurs propos soient instrument­alisés. Ils étaient, cette fois, en confiance grâce au feu vert du souverain et m’ont tous reçu de manière ouverte et m’ont parlé librement, de manière très sensible et avec émotion de cette dame, que tous me dépeignent comme quelqu’un de très attachant.

Pensez-vous avoir mieux compris le personnage Grace Kelly au terme de cette enquête ?

Ce documentai­re essaye d’approcher la vérité d’une femme. Ce qui m’apparaît de Grace Kelly, après avoir rencontré ses proches et vu ses archives privées, c’était quelqu’un d’extrêmemen­t sympathiqu­e. Tous ses proches insistent sur le fait qu’elle était très à l’écoute des gens avec qui elle parlait. L’autre chose, c’est qu’elle était paradoxale, comme peuvent l’être les artistes. Une actrice peut jouer plusieurs rôles à la fois, ça ne veut pas dire qu’on n’est pas sincère quand on joue un rôle plutôt qu’un autre, mais il me semble qu’elle était multiple, elle avait une personnali­té très riche, cela faisait qu’on ne s’ennuyait jamais avec elle. Et j’aurais beaucoup aimé la rencontrer.

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