Technologie et paternité
L’uberisation de notre société n’en finit plus d’inspirer les cinéastes. À la suite d’Effacer l’historique du tandem Kervern/Delépine présenté vendredi en ouverture sous les yeux du Premier ministre Jean Castex, le festival accueille Les Deux Alfred de Bruno Podalydès. Deux films où le monde professionnel vient interférer avec la vie privée et le contexte familial. Autre particularité, Denis Podalydès joue les deux fois le premier rôle, avec le talent qu’on lui connaît.
La seconde avant-première… et pas des moindres Adieu les cons, d’Albert Dupontel, est un véritable petit bijou. Après avoir conquis le public avec Au revoir là-haut, le trublion revient avec un film contemporain qui colle davantage à ses obsessions.
Extrêmement graphique, cette virée décalée où sont réunis une femme à qui il ne reste plus beaucoup de temps à vivre (épatante Virginie Efira, ci-contre) un responsable de la sécurité suicidaire (Albert Dupontel, ci-contre )et un aveugle employé dans un service d’archives (Nicolas Marié) percute par ses dialogues corrosifs et son côté subversif, cinglant envers la société…
Coup double pour Samir Guesmi
Présenté comme « Le » film familial de cette édition 2020, Parents d’élèves déçoit. Noémie Saglio, créatrice de la série Connasse, ne trouve pas le bon angle pour raconter les déboires d’un adulescent qui s’improvise papa dans l’espoir de séduire une institutrice.
Peu crédible dans ses situations, la proposition peine aussi à provoquer les éclats de rire... On sauvera malgré tout l’interprétation, assurée par Vincent Dedienne, Camélia Jordana et Samir Guesmi.
Ce dernier fait justement coup double, puisqu’il présente en compétition son premier long-métrage : Ibrahim. L’histoire d’un apprenti en CAP, sur le point de basculer du mauvais côté, en conflit avec son père. Ancré dans le réel et sous influence (Ken Loach/frères Dardenne), ce film naturaliste touche par sa capacité à dépeindre les difficultés sociales rencontrées par certains jeunes. Prometteur donc, en dépit de certaines maladresses dans la mise en scène.