La très bonne surprise de Julien Doré à Cannes
Invité dans la cité des Festivals par un groupe de fans, le chanteur leur a présenté hier, en avant-première, son album aimée qui sort le 4 septembre. Petite bulle d’émotion pour eux comme pour lui.
Tout est parti d’un tweet. Une invitation lancée comme ça, sans y croire une seconde, par un fan à son chanteur préféré sur un réseau social où, vraisemblablement parfois, peuvent aussi naître de belles histoires. Celle-ci s’est achevée hier, à Cannes, où Julien Doré est venu présenter, en personne et en avant-première, son nouvel album, aimée, à une centaine de fans. « Je n’ai jamais fait ça, je ne le referais probablement jamais mais c’est une expérience incroyable ! J’aime ses mots, sa musique, sa générosité aussi, celle dont il fait encore preuve aujourd’hui. » Meyer Khayat, le fan à l’origine de l’événement, n’en revenait toujours pas hier, devant le cinéma Olympia où s’est déroulée la rencontre.
En vacances près de sa famille à Cannes le 25 juillet dernier, cet habitant du Vald’Oise prend en passant une photo du théâtre Alexandre-III et interpelle Julien Doré sur Twitter. « Je lui ai demandé s’il accepterait de venir nous présenter son nouveau disque si je louais une salle comme ça, il a répondu “avec plaisir”... »
« Julien nous fait confiance »
S’ensuit une folle organisation. Le label de l’artiste, Columbia/Sony, contacte Meyer. Meyer cherche une salle, ce sera finalement l’Olympia. La production finance la location. Meyer rassemble d’autres fans parmi ceux du groupe Facebook « Julien with Løve » qu’il a créé en 2011. Et les voilà. Les voilà hier, centsept, venus de toute la France, de Belgique,
du Luxembourg, pour rencontrer la star.
Masque sur le nez, cadeaux sous le bras, bracelets de couleur pour s’identifier, gel hydroalcoolique à l’entrée, sièges espacés. Les fans ont tout prévu pour que tout se déroule « dans le respect et dans les règles », accompagnés par le label et l’équipe de l’Olympia. « Ce qui se passe est complètement fou. Julien nous fait confiance, on veut être à la hauteur », insiste Rebecca, arrivée de Hyères, co-administratrice du groupe de fans. On s’installe, la pression monte. Ça y est. Standing ovation pour Julien himself, presque gêné d’un tel accueil. « Merci pour cette idée qui fait du bien. Dans ce quotidien surprenant, il y a parfois des hasards super jolis. Peut-être que dans les mois qui viennent on va fonctionner différemment, peut-être qu’on va changer notre façon de faire de la musique aussi », glisse l’artiste avant de s’éclipser pour laisser place à aimée ,le disque qui sortira le 4 septembre (1). Et là, à défaut de pouvoir se laisser aller à danser, de pouvoir se serrer les uns contre les autres, c’est une autre proximité qui s’invente. Celle de découvrir ensemble un album dans l’intimité d’une salle obscure, dans le confort feutré des fauteuils rouges. Une véritable idée, d’ailleurs.
Le chanteur revient, les questions fusent, quelques larmes coulent. Et si ce n’est la frénésie des portables, qu’il a bien fallu rendre après les avoir mis à l’écart pour respecter la confidentialité de l’écoute, tout n’est que douceur et remerciements.
« Quand on goûte à la notoriété, on peut courir après une hyper présence »
« Merci pour tout ça, merci de respecter mon silence aussi. Quand on goûte à la notoriété, on peut courir après une hyper présence, trop de médias, trop de concerts, trop de disques... J’ai toujours aimé les artistes comme Christophe, comme Cabrel, qui savaient s’absenter, et j’ai toujours été impressionné par le fait que le public comprenait », insiste Julien Doré, de retour après trois ans d’absence et un changement de vie, lui qui a quitté Paris pour retrouver son sud natal. Il évoque le confinement, l’avenir des concerts. La tournée qui devrait suivre à l’automne 2021... « Je me sens presque con de dire ça, quand des centaines de techniciens ne peuvent pas travailler. » On l’interroge. Écologie, écriture, féminisme. Il parle ambivalence, célébrité, solitude, inspiration, travail d’artisan. Et puis vacances à Cannes aussi, chez sa grand-mère paternelle qui y vit toujours et qui, à l’époque, occupait une maison à 200 mètres du théâtre Alexandre-III, celui de la photo.
« Le tweet, c’est étrange... J’allais toujours là-bas. » Alors c’est vrai, tiens, il y a parfois des hasards super jolis. 1. Sur lequel nous reviendrons dans nos pages culturelles Week-End du vendredi.