Monaco-Matin

Estrosi appelle à un accord avec Macron

Estimant que la droite n’est pas en capacité de remporter la présidenti­elle en 2022, le maire de Nice l’incite à se rallier au Président en exercice, sous réserve que celui-ci vienne sur son terrain

- TH. PRUDHON

On le sentait venir, et depuis un bout de temps déjà, quasiment depuis 2017… C’est néanmoins un sacré pavé que jette Christian Estrosi dans la mare d’une droite de plus en plus démantibul­ée. Dans un entretien au Figaro, le maire LR de Nice incite tout bonnement son parti à « passer un accord avec Emmanuel Macron » en vue de la présidenti­elle. Estimant que la droite n’a plus de candidat qui s’impose spontanéme­nt, comme ce fut le cas de Jacques Chirac ou Nicolas Sarkozy, et qu’elle est aujourd’hui engluée dans les divisions, il l’invite à regarder la réalité de sa fragilité en face. Et, en conséquenc­e, à se résoudre à composer avec Emmanuel Macron, pour que «lepays soit gouverné demain sur une orientatio­n de centre droit ».

« Il existe beaucoup de talents chez nous mais aucun ne s’impose pour concourir à la présidenti­elle. Le fonctionne­ment de nos appareils politiques ne leur donne aucune chance de succès… François Baroin a énormément de talent, tout comme Xavier Bertrand et Valérie Pécresse, mais aucun d’entre eux ne s’impose naturellem­ent. Et je ne crois pas qu’une primaire puisse régler le problème », pose Christian Estrosi.

« Des conditions »

Sa conclusion découle de ce diagnostic : « Pour ne pas gâcher tous les talents de la droite, passons un accord avec Emmanuel Macron pour qu’il soit notre candidat commun à la présidenti­elle et que nos talents puissent participer au redresseme­nt du pays. »

Comme s’il s’était trop hardiment avancé, il rétropédal­e légèrement : « Bien évidemment, il y a des conditions et cela doit se faire sur la base d’un projet commun… Je sais très bien que cela a plus de chances d’échouer que de réussir. L’équation est extrêmemen­t difficile. D’un côté, elle exige que notre formation politique ne choisisse pas la fuite en avant avec une candidatur­e de témoignage. De l’autre, le président de la République devra avoir le courage de franchir un pas, d’envoyer les signaux nécessaire­s. » Christian Estrosi, qui martèle publiqueme­nt depuis plusieurs années que seule Nice l’intéresse désormais, lui qui a déjà été plusieurs fois ministre, répète une fois encore « n’être candidat à rien mais vouloir seulement défendre un choix de responsabi­lité et d’intérêt national, au-delà de toutes ambitions dérisoires liées à des personnes ou à des partis », pour éviter de « laisser s’engager un débat délétère entre les extrêmes, qu’ils soient noirs, rouges ou verts ».

Les menus gages qu’il réclame au Président ? Agir pour la sécurité, le rétablisse­ment de l’autorité et de l’ordre, notamment en réformant la justice des mineurs et en confiant des pouvoirs supplément­aires aux polices municipale­s. Et accentuer la décentrali­sation en matière de santé.

Un parti de citoyens

Le maire de Nice de conclure en indiquant que son mouvement d’élus locaux lancé fin 2017, La France audacieuse, se réunira le 22 septembre pour envisager sa transforma­tion en « vraie formation politique où les citoyens pourront jouer un rôle actif ». Christian Estrosi ne se rendra pas, en revanche, au rendez-vous des Jeunes Républicai­ns à Port-Marly, ce week-end, « n’ayant pas été invité ». Pas sûr que ses déclaratio­ns fracassant­es au Figaro fassent davantage plaisir aux autres ténors des Républicai­ns du SudEst qui n’ont pas renoncé à reconquéri­r le pouvoir de leur propre chef en 2022, Eric Ciotti en tête.

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S’il jure régulièrem­ent que seule Nice compte pour lui, Christian Estrosi entend quand même se mêler de politique nationale. (Photo F. B.)

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