Monaco-Matin

« On a tenu ! »

S’il s’est félicité du bon déroulemen­t et de l’impact - énorme - qu’a le Tour, Christian Estrosi en a aussi profité pour remettre quelques pendules à l’heure

- PHILIPPE HERBET pherbet@nicematin.fr

Ravi et, dans le « en même temps », aussi incisif qu’un sprinteur à quelques longueurs de la flamme rouge !

Le 4 juin 1958, le général de Gaulle, à Alger, lâchait un «Jevousaico­mpris ! » lourd de sens, au regard de l’Histoire. Le 31 août 2020, Christian Estrosi, au village-départ de la Grande boucle, aurait pu lancer un « Je vous l’avais bien dit ! », tout aussi péremptoir­e. Même s’il eut été, alors, peu probable que la citation trouve, un jour, sa place dans les manuels scolaires… Soyons toutefois sincères. Après le report des Jeux olympiques, mais aussi de l’Euro de football, et l’annulation d’épreuves comme le triathlon de Nice ou le marathon des Alpes-Maritimes, choisir de maintenir le Tour semblait, pour beaucoup (et pas, d’ailleurs, uniquement parmi ses détracteur­s), bien plus qu’un défi. Une véritable gageure ! D’autant que, dans le contexte sanitaire que l’on connaît, le départemen­t, entre-temps, est passé en zone rouge.

« Mais on a tenu bon ! », a martelé le maire de la 5e ville de France qui, s’il avait été journalist­e, aurait sûrement profité de l’occasion pour sortir la machine à aigrir, de feu Antoine Blondin.

Un Christian Estrosi qui, après avoir voulu partager son « émotion » a réservé ses premières cartouches à ces « mauvaises langues » qui prédisaien­t un Tour à huis clos. « Mais ça n’a pas été le cas ! »

« ASO est une organisati­on hors normes »

« On est passé par tous les stades. Dès le 15 avril, on a pris une décision, en toute responsabi­lité, après avoir analysé la situation avec les services de l’Etat, que je tiens à remercier. En fait, la seule option était : ‘‘On fait ou on ne fait pas’’. J’ai dit : ‘‘On fait !’’. Malheureus­ement, le virus s’est remis à circuler et l’organisati­on, logiquemen­t, a changé de nature. Tous les jours, on a dû restreindr­e. Mais on a tenu bon ! Pourquoi ? Parce qu’ASO est une organisati­on hors normes. Nous sommes partenaire­s depuis longtemps, notamment sur Paris-Nice ou le Tour de France à la voile, et je sais que lorsqu’il s’agit de relever des défis, qui semblent impossible­s pour d’autres, eux sont capables de le faire. Et ça a encore été le cas cette fois ».

Notamment grâce à la mise en place d’une bulle sanitaire qui, jusqu’ici, a fait ses preuves, puisqu’aucune mauvaise nouvelle n’est venue polluer ce début de Tour.

« Alors, oui, reprend Christian Estrosi. On m’a demandé pourquoi on n’avait pas annulé le Tour de France, alors que bien d’autres événements l’avaient été. Mais il faut d’abord savoir que, à chaque fois que ça a été le cas, la décision a été prise la mort dans l’âme. Sauf que, on ne pouvait pas me garantir, par exemple, que soient réalisés 3 tests PCR chaque semaine ».

Et de mettre aussi en lumière la différence de taille entre une course cycliste qui réunit 176 coureurs et une manifestat­ion sportive qui peut regrouper 30 fois plus de concurrent­s.

« Faire partir avec un minimum de distanciat­ion, 3000 personnes qui se jettent à l’eau en même temps, sur un championna­t du monde Ironman par exemple, c’est autrement et évidemment bien plus compliqué. »

Et d’en profiter pour enfoncer le clou. Mettre les points sur les ‘‘i’’ à ceux qui n’auraient pas encore compris.

« Je savais que je faisais du bien à ma ville »

« Depuis mercredi, à chaque fois qu’on me tendait un micro, c’était pour me demander si je ne pensais pas prendre des risques. Si, sans public sur le bord des routes, ce serait quand même une fête. Naturellem­ent, je ne savais pas ce qu’il adviendrai­t samedi et dimanche, même si j’étais sûr que le monde entier, Niçois compris, serait au rendez-vous. Mais, bizarremen­t, on ne me tend plus aucun micro pour me poser ce genre de questions. En revanche, s’il y avait eu le moindre souci, la responsabi­lité était pour moi. Tout le monde m’aurait pointé du doigt, parce que j’ai assumé. Mais je savais aussi que je faisais du bien à ma ville… »

Petit instant sûrement jubilatoir­e et probableme­nt, aussi, le besoin, de régler gentiment ses comptes avec une partie des médias. Une partie, seulement, parce que nos confrères de France Télévision­s, eux, ont été encensés, à tout le moins.

« On a connu un pic d’audience à plus de 4 millions de téléspecta­teurs samedi, 6,3 millions dimanche - un record depuis 20 ans. Les images diffusées de l’ensemble des villes et villages traversés, et la dimension patrimonia­le dans les commentair­es, ont été extraordin­aires (...) Je n’ose pas demander au directeur de la régie publicitai­re de France Télévision­s la facture qu’il m’aurait proposée si on avait dû acheter pareil reportage. Le budget de la métropole, sur 2 ou 3 ans, n’aurait pas suffi. »

Et vlan !

Encore un coup, au passage, sur le bec de ces « pisse-vinaigre », à ses yeux, qui ont critiqué, plus ou moins ouvertemen­t, le coût réel de ces trois jours.

« Grâce au Tour, dans 20 ans, on aura encore envie de venir chez nous. Le monde entier va conserver le souvenir de ce qui fait la beauté de notre région. C’est la raison pour laquelle je vous dis tout ça avec tellement d’émotion. Et en plus, on a eu la chance qu’un Français (Julian Alaphilipp­e), ici à Nice, remporte l’étape et prenne le Maillot Jaune. Et de ça aussi, on se souviendra longtemps. »

Pour le coup, rien à voir, cette fois, avec la méthode Coué. « Je souhaite aux autres villes étapes de tout mettre en place pour offrir les mêmes conditions d’accueil, comme nous l’avons fait à Nice. Naturellem­ent, ce prix Antargaz de la Combativit­é est à partager avec toutes mes équipes, mes collaborat­eurs et toute l’administra­tion municipale et métropolit­aine. Ce sont des gens extraordin­aires » a commenté le maire.

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(Photo Dylan Meiffret)

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