Christian Estrosi sème le trouble chez Les Républicains
La sortie du maire de Nice invitant son parti à se rapprocher d’Emmanuel Macron tombe mal pour des Républicains toujours à la recherche de la stratégie idoine pour reconquérir le pouvoir
C’était le but et il a été parfaitement atteint ! Christian Estrosi a fait beaucoup gloser après avoir invité, dans Le Figaro, la droite à rallier Emmanuel Macron, « sous conditions », en vue de la présidentielle [nos éditions d’hier] .Lemaire de Nice a beau avoir frayé à maintes reprises avec la Macronie depuis 2017, au point d’avoir encore été cité parmi les ministrables en juin, son pavé dans la mare tombe au plus mauvais moment pour des Républicains qui tentent tant bien que mal de se remettre en ordre de bataille pour 2022, sans candidat évident ni stratégie consensuelle quant à la façon de le faire émerger, pour l’instant. C’est d’ailleurs dans cette plaie-là que Christian Estrosi remue le fer, jouant de son statut de maire LR le plus emblématique désormais.
Pradié « désespéré »
Ni Valérie Pécresse, ni François Baroin, ni Xavier Bertrand n’ont souhaité réagir au constat leur niant la capacité à fédérer leur famille politique, quels que soient leurs talents personnels. C’est Aurélien Pradié, secrétaire général des Républicains, qui est monté au front sabre au clair, reprochant à Christian Estrosi de « se vendre au plus offrant » et évoquant « une lâcheté et un opportunisme assez misérables »… « Sa position, dit-il, me désespère de cette époque politique. Il y a quelques décennies, l’honneur de la politique, c’était de défendre ses convictions, d’être fidèle aux valeurs auxquelles on croyait. » Vacharde à souhait, Nadine Morano a de son côté souligné que Christian Estrosi avait su trouver « le chemin de la rue de Vaugirard » lorsqu’il avait eu besoin de l’investiture des Républicains. Que ce soit pour le déplorer ou s’en féliciter, ils sont quelques-uns à penser qu’avant la présidentielle, Christian Estrosi pousse d’abord à une stratégie d’alliance en vue de régionales qui ne s’annoncent pas comme une promenade de santé pour la droite sortante, exposée à la double menace des Verts et du RN.
Lui seul le sait, comme il mesure sans doute au degré près la faiblesse actuelle d’un parti contraint d’encaisser sans trop broncher ses coups de boutoir, pour avoir déjà perdu quelques forces vives depuis trois ans.