La brigade maritime veille sur la sécurité du littoral
Depuis la frontière italienne jusqu’aux portes de Monaco, les agents de la police nationale de Menton sortent en mer deux fois par semaine, pour traquer les infractions nautiques et sensibiliser les plaisanciers
Cela fait désormais six ans que la brigade maritime de la police nationale de Menton sillonne le littoral de l’est azuréen pour assurer la sécurité de tous, plaisanciers, baigneurs, plongeurs, amateurs d’activités nautiques, professionnels et... pêcheurs ! Elle est même la seule unité qui patrouille régulièrement dans le secteur*.
Depuis la frontière italienne à celle de Monaco, ils sont sept agents du GSP (Groupe de sécurité de proximité basé au commissariat de Menton) à se partager les deux embarcations – deux bateaux pneumatiques semi-rigides – mises à leur disposition par la mairie de Menton grâce à une convention de partenariat, qui vient d’être renouvelée. Au rythme de deux à trois sorties en mer par semaine, pendant la saison estivale, les agents spécialisés dans la législation maritime – tous détenteurs du permis bateau – partent traquer toute infraction en mer. Parmi les plus fréquentes et pour lesquelles les policiers dressent des PV : l’excès de vitesse des engins nautiques et des ba- teaux sortant du port, les défauts d’équipements obligatoires des plaisanciers (gilet de sauvetage, etc.), ou encore le non-respect des règles nautiques en vigueur (comme l’obligation d’être au minimum deux sur le bateau ou encore l’interdiction de mouiller dans la bande des 300 mètres...).
« Notre présence pousse à observer les règles »
« Notre travail sur terre reste notre activité première, mais dès que nous le pouvons, nous sortons en mer, car notre présence pousse les usagers à observer les règles » assure David, le chef du GSP.
« D’ailleurs, au fil des années, on constate que les infractions liées à la sécurité, comme les vitesses non réglementaires, ont bien baissé. Cette année, il y a moins d’incivilités » fait remarquer Aurélien, son adjoint.
« Depuis que la brigade maritime a été mise en place et pérennisée, la mer n’est plus une zone de Far-West ! Les opérations étaient rares avant sur ce secteur géographique, alors qu’il nécessite un contrôle renforcé...» précise le commissaire de police et chef de la circonscription de Menton, Abdel Bouzelmat. D’ailleurs, les agents réalisent plus d’un tiers des verbalisations du département en ne sortant que deux fois par semaine. Cette année, avec la Covid et les nombreuses opérations de contrôles terrestres, nous avons commencé plus tard nos missions, mais elles sont essentielles et diversifiées ».
Car si les policiers font principalement de la surveillance maritime pendant la période estivale, ils ont aussi un rôle important à jouer dans la lutte contre le terrorisme (dans l’hypothèse d’une attaque depuis la mer), mais ont également cette fonction de vigile face à l’immigration clandestine, notamment en patrouillant du côté de la frontière Saint-Ludovic.
Protéger les herbiers de posidonies
Vigilants, parfois répressifs, ils sont surtout pédagogues et la sensibilisation des plaisanciers fait partie intégrante de leurs missions, avec un objectif visé depuis ces dernières années : la protection de l’environnement, et notamment la sauvegarde des herbiers de posidonies. Essentiels au développement de la faune marine, ils sont souvent abîmés par les bateaux, qui plantent leur ancre en deçà d’une profondeur donnée.
« Beaucoup d’infractions restent en effet liées au mouillage des yachts et bateaux de plus de 20 mètres, notamment aux alentours du Cap-Martin et dans les baies de Cabbé et de Carnolès, où les posidonies sont très nombreuses » précise Aurélien. Une zone d’ailleurs inscrite dans le site Natura 2000 (réseau européen qui rassemble les sites naturels et marins à préserver). Équipés d’un sondeur, qui permet de mesurer la courbe de profondeur des bateaux, les agents ne peuvent pas se tromper et une fois l’infraction constatée et avérée, ils peuvent dresser un PV, qui sera automatiquement transmis aux Affaires maritimes.
Cela peut aller d’un simple rappel à la loi à des amendes pouvant monter jusqu’à 1 500 euros, et même des interdictions de naviguer... L’écart est important, « mais le PV n’est pas systématique » rappelle le commissaire. Car la police est aussi là pour expliquer, secourir, « en quelque sorte, ces agents sont des couteaux suisses aussi compétents sur terre que sur mer ».
*Des opérations de contrôle peuvent être menées conjointement avec la DDTM (Direction départementale des territoires et de la mer), le Cross Med et la Police aux Frontières.