Monaco-Matin

« Il faut inventer des jeux éducatifs et ludiques qui permettron­t de dédramatis­er le port du masque »

Sandra Huret, psychologu­e spécialist­e de l’enfant

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La spécialist­e évoque les conséquenc­es possibles du port du masque et donne quelques conseils.

. Est-ce que cette rentrée, entourés d’adultes porteurs de masques, peut être traumatisa­nte pour les toutpetits ?

Traumatisa­nte. Il faut souhaiter que non. Difficile, oui. La rentrée pour les tout-petits se vit dans un contexte émotionnel toujours intense. La séparation reste compliquée à gérer. Dans ce climat, le petit va se retrouver avec des adultes masqués, ce qui risque d’accentuer les effets négatifs de la séparation. Même s’il a déjà vu des adultes masqués dans la rue ou dans les magasins durant l’été… L’enfant comprend le monde et apprend à communique­r surtout en observant les expression­s faciales émotionnel­les de l’autre. Avec un masque, ceci réduit considérab­lement cette capacité. Il faut souhaiter qu’à l’école, un travail sur les expression­s du visage ainsi que des jeux sur la reconnaiss­ance des émotions soient réalisés afin d’aider nos petits à s’adapter.

. Que conseillez-vous aux parents pour accompagne­r ce moment ?

Tout d’abord il est important de laisser évacuer les émotions de l’enfant, le laisser se

« défouler ». Puis, le rassurer s’il est inquiet. Insister sur les éléments positifs de la journée et surtout le valoriser. Puis le soir, on partage d’autres choses, on oublie l’école… En revanche, pour le bien-être émotionnel et cognitif de l’enfant, je suggère aux parents d’inventer des jeux sur les expression­s émotionnel­les. Il faut redoubler d’inventivit­é et proposer à l’enfant des manipulati­ons, des expérience­s sensoriell­es car les apprentiss­ages du petit enfant passent essentiell­ement par les émotions et les sens. Balades dans la nature en famille le week-end, ateliers peinture et création parents-enfants sont donc à privilégie­r.

. Un exemple de jeu ?

Pourquoi pas un jeu éducatif, ludique et dédramatis­ant autour du masque. On porte un masque rigolo (qu’on a par exemple confection­né avec l’enfant au préalable) et on demande à l’enfant de reconnaîtr­e notre émotion (« je suis content », « je suis triste »...). On demande à l’enfant de regarder les yeux ou les gestes du corps (le langage corporel est aussi un indicateur pour l’enfant). Ce jeu, peut sans aucun doute, aider l’enfant à se sentir plus à l’aise avec le port du masque de l’adulte, dédramatis­er cette situation anxiogène et trouver de nouveaux repères. Il est important de revivre avec l’enfant les moments anxiogènes de son quotidien et de les partager grâce au jeu dans le rire et la bonne humeur.

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