Monaco-Matin

Eric Breton : « Le masque, une nécessité contraigna­nte »

Ce professeur d’histoire géo au lycée Masséna à Nice fera, pour la première fois, cours masqué. Une « efficace » obligation contre le virus mais « un recul très net » de la pédagogie

- RECUEILLI PAR VÉRONIQUE MARS vmars@nicematin.fr

Professeur d’histoire géographie depuis 36 ans, Eric Breton attaque sa 15e rentrée au lycée Masséna, à Nice et sa toute première masquée. Comme l’ensemble de ses collègues, Covid-19 oblige. Une rentrée inédite, placée sous le signe des gestes barrières « à suivre et à respecter » que cet enseignant chevronné de 61 ans au physique de marathonie­n redoute un peu «sur le plan sanitaire et pédagogiqu­e ».

Cette rentrée très particuliè­re vous fait-elle peur ?

À titre personnel, je n’ai pas peur de ce virus, même si en raison de mon âge, je me rapproche des personnes à risques [Rires]. C’est la transmissi­on que j’appréhende, le fait de recevoir et de communique­r aux autres le coronaviru­s.

Le port du masque, une nécessité selon vous ?

C’est une bonne chose nécessaire dans la mesure où les scientifiq­ues semblent être unanimes sur son efficacité. En attendant un vaccin, porter le masque est la meilleure des barrières pour se protéger les uns et les autres. Face à cette pandémie, on est un peu démuni, car on n’en voit pas la fin. Les hommes ont plus peur de ne pas maîtriser la façon dont ils vont mourir que de la mort elle-même. Cela nous ramène plus de deux siècles en arrière, au temps du fléau de la peste et du choléra.

Enseigner masqué, est-ce compliqué ?

Les mardis, j’aurai cours de  à  heures. Pendant quatre heures, je vais prendre la parole, parler fort pour être entendu et m’autopostil­lonner avec le masque. Au bout de quelques minutes, il va être humide. Au niveau de la protection, ce n’est pas l’idéal à moins de le changer fréquemmen­t. Le port du masque est contraigna­nt aussi sur le plan pédagogiqu­e.

C’est-à-dire ?

Pour limiter les risques, il faudra éviter de circuler en classe. Ce sera un recul très net au niveau du suivi des élèves, puisqu’on ne pourra plus être derrière eux pour les surveiller et les aider. La proximité avec nos élèves va être limitée, comme les échanges. Ils resteront assis à leur table, et nous, enseignant­s, derrière nos bureaux.

Que faire d’autre ? Avez-vous des idées ?

Pourquoi ne pas installer, dans les salles de classe, une protection en plexiglas sur le bureau des enseignant­s ? Cela a été fait pour les épreuves de rattrapage du bac en juillet. Le bureau du jury a été allongé en accolant deux tables sur lesquelles

avait été fixée cette séparation vitrée. Ce qui a dispensé les candidats et les examinateu­rs de porter le masque durant les oraux. Si cette idée était retenue, elle permettrai­t à l’enseignant de ne pas porter constammen­t le masque en cours, pour mieux se faire entendre de ses élèves.

Autre suggestion ?

Il est préconisé de ventiler les locaux. Déjà, en temps normal, j’avais tendance à faire cours à mes élèves les fenêtres ouvertes, même en hiver. Cette année, on va encore plus aérer !

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« Les scientifiq­ues semblent être unanimes sur l’efficacité du port du masque », pointe Eric Breton, professeur d’histoire géographie, qui, en  ans de carrière, fera sa première rentrée masquée. (Photo V. M.)
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