Monaco-Matin

Des élus LR entre colère et habitude

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La droite azuréenne était partagée, hier, entre la surprise, l’incrédulit­é, la résignatio­n et une forme de colère plus ou moins contenue. Le député LR Bernard Brochand, doyen de l’Assemblée nationale, a fait part de « sa stupeur et son incompréhe­nsion » : « Alors que le bilan d’Emmanuel Macron se révèle catastroph­ique et que LR est le seul parti à pouvoir représente­r un véritable espoir et une alternativ­e, le discours de M. Estrosi me semble déplacé. Ce n’est pas en décriant notre mouvement qu’il va nous aider à bâtir un programme ambitieux et réaliste. Ce n’est pas un rapprochem­ent avec Macron qui apportera la solution. Je ne peux pas envisager une alliance avec lui. » Lionnel Luca, maire LR de Villeneuve­Loubet et ancien député, a fustigé une erreur de stratégie : « Christian Estrosi jette le masque, même si on connaît depuis 2017 ses sympathies pour Emmanuel Macron. Derrière la présidenti­elle, ce sont les régionales qui se cachent, sans doute pour éviter à la majorité sortante d’avoir une liste LREM en face d’elle. Mais je crains que cette stratégie n’affaibliss­e Renaud Muselier et favorise l’extrême droite, car notre électorat, dans le Sud, est plutôt sensible à la ligne d’une droite solide sur ses conviction­s. »

Eric Pauget, député LR antibois et soutien de Valérie Pécresse : « On savait depuis trois ans que Christian Estrosi était Macron-compatible. Je suis néanmoins surpris de ses déclaratio­ns : il aurait voulu faire mal à sa famille politique qu’il ne s’y serait pas pris autrement. Se cache peutêtre derrière cela une stratégie en vue des régionales, mais on ne fait pas de la politique seulement pour la tambouille politicien­ne. Et sur le fond, je ne comprends pas son analyse : Emmanuel Macron a une vision communauta­riste un peu à l’anglo-saxonne, qui n’est pas la nôtre. Je ne vois pas comment nos valeurs très différente­s pourraient se réconcilie­r. » Jean Leonetti, maire LR d’Antibes, ancien ministre et président intérimair­e de LR, de constater, clinique : «Jene suis pas étonné de ce positionne­ment qui remonte à plusieurs années. On est encore très loin de la présidenti­elle, qui se décante de plus en plus dans les six derniers mois. Ce qui est vrai dans ce que dit Christian Estrosi est que ne se dégage pas chez nous un candidat naturel et volontaire. Mais avant de dire qui soutenir, il faut d’abord définir quel projet nous voulons. » Pour la députée LR du Cannet Michèle Tabarot, rien de nouveau non plus : « Christian Estrosi a toujours été proche d’Emmanuel Macron. Je ne suis pour ma part pas systématiq­uement hostile au chef de l’Etat, mais nous avons connu un été catastroph­ique sur le plan sécuritair­e et nous avons des ministres de l’Intérieur et de la Justice sur des lignes antagonist­es. Nous avons de vraies divergence­s de fond avec LREM et je ne vois pas l’intérêt d’une alliance. » Un certain nombre de ténors de LR n’ont quant à eux pas souhaité réagir publiqueme­nt. Qu’ils n’aient pas spécialeme­nt envie de parler ou qu’ils soient en campagne sénatorial­e…

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