Monaco-Matin

« L’envie de progresser vite »

Huit mois après un départ réussi au Monte-Carlo, Nicolas Ciamin retrouve sa Citroën C3 R5 en Estonie, cette semaine. Un rendez-vous en terre inconnue que le Niçois veut négocier au mieux

- PROPOS RECUEILLIS PAR GIL LÉON

La semaine dernière, enfin, il a recoché la case C. Voilà près de huit mois que Nicolas Ciamin rongeait son frein loin de ce volant qui pourrait donner un nouveau tournant à sa jeune carrière. Très exactement depuis le terme du Monte-Carlo où l’espoir niçois ( ans) avait gravi la e marche du podium de la catégorie WRC. Juste avant de mettre le cap sur l’Estonie, théâtre inattendu de la reprise des hostilités, ce week-end, le vice-champion du monde Junior  s’est ainsi remis dans le rythme sur un bout d’épreuve spéciale surplomban­t la Tinée entre Pontde-Clans et Tournefort. Une soixantain­e de bornes à bord de la Citroën C R de l’équipe varoise Arcauto Compétitio­n et le voilà qui s’arrête face à nous pour causer rallye... et circuit. Contact !

Nicolas, si on vous avait dit à l’arrivée du Rallye Monte-Carlo qu’il faudrait patienter près de huit mois avant de reprendre le volant d’une C R...

À ce moment-là, j’étais loin d’imaginer qu’on allait traverser une telle période. Depuis mes débuts en sport auto (début , ndlr), jamais je n’avais attendu aussi longtemps

‘‘ entre deux manches. J’ai tout de même pu disputer un rallye historique en Belgique avant le confinemen­t (au volant d’une BMW M) et deux courses sur circuit cet été (des manches de la Ligier JS Cup, au Mans puis à MagnyCours). Là, il m’a donc fallu un petit temps d’adaptation lors des premiers runs. Une reprise en main à domicile nécessaire au moment de plonger à nouveau dans le vif du sujet.

Comment avez-vous vécu cette longue coupure sans chasse au chrono ?

Mieux que prévu, finalement. J’ai réussi à combler le manque en prenant du plaisir dans différente­s occupation­s.

D’abord, beaucoup de sport. Renforceme­nt, abdos, cardio, gainage... Plus souvent et plus longtemps que d’habitude. Un peu de mécanique, de jardinage, de cuisine. Pas de la cuisine gastronomi­que, mais j’ai expériment­é des nouveaux trucs. Et pas mal de simulateur, bien sûr.

Content de votre comeback sur circuit ?

Oui. Ça m’a permis d’empiler les kilomètres. Et de refaire un bout de chemin avec l’équipe No Limit Racing (la structure au sein de laquelle il avait réalisé ses premiers coups d’éclat sur les pistes des Rencontres Peugeot Sport, en ). Au Mans, on devait finir e, mais un problème d’accélérate­ur a stoppé mon coéquipier en fin de course. Le week-end dernier (dimanche  août), à Magny-Cours, on prend la e place. Devant, ça se bagarre dur, il y a du niveau, des pilotes qui ont déjà couru les  Heures du Mans, par exemple.

Pour viser le podium, on doit continuer à travailler sur cette Ligier JS R afin d’en extraire plus de performanc­e.

Juste après le MonteCarlo, vous aviez essayé une Ligier LMP à Barcelone. Séduit ?

Ah oui ! J’adore ces prototypes. P, P, P... Ils me font vraiment envie. Au volant, c’est assez différent de la Formule Renault testée par le passé. L’auto est non seulement magnifique, mais aussi géniale. Une fois le mode d’emploi assimilé, j’ai vite signé des bons temps. À tel point que le team

‘‘ suisse Cool Racing, très enthousias­te, souhaitait m’intégrer dans l’un de ses programmes. Hélas, ça coûtait trop cher. Si je dispose d’un complément de budget, dans le futur, je tenterais l’aventure volontiers. Dans l’immédiat, le rallye demeure plus que jamais ma priorité.

Donc le circuit fait figure de plan B dans un coin de votre tête ?

Absolument. Là, je saisis les occasions quand elles se présentent. De quoi garder le contact, le rythme. Dans le baquet de la Ligier LMP, croyez-moi, je me suis autant régalé que dans celui d’une C R. Aujourd’hui, vous pouvez plus facilement vivre de votre passion côté circuit, c’est évident. On verra ce que l’avenir nous réserve.

Revenons au rallye : à quoi sert cette séance d’essais sur le goudron du haut pays avant de redémarrer en Estonie ?

À retrouver des sensations à bord de la C, voilà ! Peu importe la surface puisque je n’ai plus piloté cette voiture depuis l’arrivée du Monte-Carlo. Certains de mes adversaire­s ont déjà disputé deux courses sur terre, là-haut, cet été. Moi, je ne disposerai que de deux jours et demi d’essais en début de semaine (entre dimanche et hier) pour prendre mes marques. En outre, c’est la première fois que je la conduis sur une route vraiment sèche, avec élevé qu’en janvier.

J’en ai donc profité pour jauger quelques réglages et glaner deux ou trois informatio­ns utiles.

Vous connaissez les spéciales finlandais­es et polonaises. L’Estonie, c’est le même genre ?

Globalemen­t, le profil s’avère comparable, oui, avec des spécificit­és. La terre est un peu sablonneus­e, il y a beaucoup de vitesse, des sauts, mais pas autant de dénivelé qu’en Finlande. Assez rapide, le tracé comprend quelques portions étroites où il faudra se méfier. J’aime ce type de parcours, donc j’ai hâte d’y être. En matière de plaisir pur, pour moi, ce sera le rallye numéro  cette saison.

Votre dernière expérience sur terre au volant d’une R date d’août . Dans quel état d’esprit abordezvou­s ce nouveau départ ?

J’y vais avec l’envie de progresser vite. C’est-à-dire réduire l’écart par rapport aux meilleurs entre le début et la fin. Compte tenu de mon déficit de préparatio­n par rapport à ceux qui ont déjà une course ou deux sur un terrain similaire au compteur, difficile d’imaginer où l’on va se situer lors des premières ES. Ce que je veux, surtout, c’est aller au bout en haussant le rythme, jusqu’à signer des temps proches des références du WRC.

Le rallye demeure ma priorité ”

Après l’annulation du Rallye d’Allemagne, votre programme ne comprend plus que trois manches. Décrocher le titre WRC, c’est possible ?

Sur le papier oui, puisque quatre résultats sont pris en compte. Après les trois premières manches, nous sommes e ex aequo grâce aux gros points pris au Monte-Carlo. Sur notre feuille de route figurent à présent l’Estonie, la Sardaigne, où je serai plus ambitieux, et Ypres. La Belgique, fin novembre, ça risque de ressembler au Touquet. Un terrain humide et boueux qui me convient. En fait, comme je n’ai pas de joker, il faudrait réaliser des bons scores partout. Et que les autres commettent des erreurs... Compliqué, non ?

Je n’ai pas de joker ”

Avec ce programme WRC réduit, y a-t-il une chance de vous voir revenir ponctuelle­ment en championna­t de France ?

Ce n’est pas exclu. D’autant qu’il y aura deux courses dans le coin cet automne (Antibes-Côte d’Azur du  au  octobre, puis Var du  au  novembre).

Sûr que j’aimerais bien en faire au moins une...

 ??  ?? En janvier, Nicolas Ciamin avait fait des étincelles sur les routes du Rallye Monte-Carlo. Qu’en sera-t-il ce week-end en Estonie où le Niçois touchera terre pour la première fois au volant d’une C R ? (Photos Jo Lillini)
En janvier, Nicolas Ciamin avait fait des étincelles sur les routes du Rallye Monte-Carlo. Qu’en sera-t-il ce week-end en Estonie où le Niçois touchera terre pour la première fois au volant d’une C R ? (Photos Jo Lillini)
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Monaco