Monaco-Matin

Le masque comme outil pédagogiqu­e à Paul Valéry

Le lycée profession­nel de Garavan va utiliser les contrainte­s sanitaires pour en faire un moyen d’apprendre autrement. Pour cela, l’établissem­ent mise sur les apports du théâtre. Explicatio­ns

- Textes : MARIE CARDONA mcardona@nicematin.fr Photos : CYRIL DODERGNY

L’idée avait déjà germé dans les esprits de l’équipe pédagogiqu­e du lycée profession­nel Paul Valéry l’année dernière. Et si le théâtre pouvait devenir une nouvelle manière d’enseigner les gestes profession­nels aux élèves de la filière hôtellerie-restaurati­on ? « Nous avions pour projet d’instaurer des modules de pratique théâtrale pour renforcer le savoir-être profession­nel des élèves. L’un des exercices aurait consisté à mettre en place un service avec des masques blancs pour leur apprendre à travailler la posture », explique Pascale Monrosty, proviseure du lycée Paul Valéry.

La posture et la voix

Le confinemen­t a finalement eu raison du projet l’année dernière. Mais avec le contexte sanitaire, il demeure encore plus d’actualité.

La proviseure a donc décidé de le relancer cette année, avec le concours de la compagnie niçoise BAL. Ainsi, trois modules pratiques vont être proposés aux élèves du Bac pro service restaurati­on (les dates restent encore à déterminer).

« Il s’agit de séances qui vont durer 3 heures, ce qui nous permet d’avoir suffisamme­nt de temps pour faire un travail intéressan­t autour de la confiance en soi, pour des jeunes qui, à cet âge, peuvent en manquer un peu », explique Isabelle Klaric, intervenan­te pour la compagnie

BAL.

Et le masque dans tout ça ? Son usage est détourné pour en faire un outil pédagogiqu­e. « Il permet de travailler la partie technique autour de la voix : l’élocution, l’émotion, la présence, le langage du corps que l’on peut exagérer ou au contraire taire. » Ainsi, les jeunes exploitent des compétence­s annexes mais tout aussi importante­s pour leur futur métier. « Nous sommes face à des élèves qui sortent de l’adolescenc­e, cette période compliquée pendant laquelle on est maladroit. On veut transforme­r cette maladresse en intelligen­ce du corps pour que la posture devienne, au-delà du geste technique, ce qui fait la différence », précise Pascale Monrosty. Ces modules seront aussi l’occasion de partager autour de la culture de la cuisine. « On introduira des textes sur l’art culinaire pour apprendre aux lycéens à savoir parler de plaisir et de gourmandis­e », ajoute Isabelle Klaric. Finalement, beaucoup de similitude­s rapprochen­t le métier de serveur au jeu théâtral. «La compositio­n d’une brigade peut se rapprocher de celle d’une troupe. Il y a un texte à apprendre : la compositio­n des plats, les conseils, etc. Mais aussi un costume à porter, une diction à travailler et un public à satisfaire. »

« Nous sommes face à un public qui ne réagit qu’à la pédagogie

de projet et de détour. Par le théâtre, on s’assure qu’ils se souviendro­nt plus facilement de ce qu’ils ont appris », assure la proviseure de l’établissem­ent. La culture n’est alors plus « la cerise sur le gâteau » mais un moyen de concerner les lycéens.

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Avec le théâtre, l’établissem­ent veut apprendre à ses lycéens à travailler leur posture. Notamment lors du service en salle, où ces futurs profession­nels devront composer avec le masque.

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