Monaco-Matin

Faustine Bollaert « Il y a un désir de dialogue »

- PROPOS RECUEILLIS PAR JIMMY BOURSICOT jboursicot@nicematin.fr

C’est ce qu’on appelle remplir sa mission. En septembre 2017, lorsque Faustine Bollaert a débarqué sur France 2 avec Ça commence aujourd’hui, elle s’est installée dans la tranche jusqu’alors occupée par Sophie Davant, avec Toute une histoire. « Quand je suis arrivée, la case faisait 6 % de parts d’audience. On m’avait donné 10 % comme objectif. Vendredi dernier, on était à 15 %. Je ne m’attendais pas à ça . Il a

(1) fallu aller chercher les gens un par un, on a eu besoin de temps pour ça. Le service public peut s’offrir ce luxe, il fait confiance aux animateurs », estime Faustine Bollaert par téléphone, après avoir jonglé avec la rentrée de ses deux enfants.

L’ancienne maîtresse de cérémonie du Meilleur pâtissier serait-elle une femme de chiffres ? Plutôt une femme de coeur, répliquero­nt ses nombreux adeptes. Sur son plateau aux allures de salon coloré et accueillan­t, des quidams viennent exposer leurs maux. Comme une super copine, Faustine Bollaert écoute, aiguille, rassérène. Ce rôle ? Elle l’adore, elle en rêvait même depuis l’école de journalism­e. Entretien avec celle qui estime être « la bonne personne, à la bonne place ».

Dans quelles dispositio­ns lancez-vous cette quatrième saison ?

Je ne me lasse jamais. C’est extrêmemen­t rassurant de voir qu’on commence en faisant de gros scores, alors que les gens étaient encore en vacances. C’est une année particuliè­re, on a repris huit jours plus tôt que d’habitude, après avoir présenté des inédits jusqu’au  juillet. On a beaucoup travaillé.

En tant qu’animatrice, cette extraordin­aire fidélité du public permet d’avancer et sereinemen­t. J’ai beaucoup de chance d’avoir une émission qui me ressemble, dont je suis très fière et qui rencontre un succès d’audience.

Vous semblez presque étonnée de ce succès…

Quand j’ai démarré, tout le monde me trouvait folle. On était à l’heure des émissions hyper marketées et rythmées. Là, j’arrivais avec quelque chose de très épuré, avec des gens qui parlent sur un canapé, sans images. Moi, j’étais convaincue qu’il y avait encore une place sur le service public pour une émission de témoignage­s, sans jugement, avec de la bienveilla­nce et de l’écoute. Dans une société où tout va très vite, avoir une heure pour prendre le temps d’écouter l’autre, pour réfléchir et se poser est bienvenu. Il y a un désir de dialogue.

Vous étiez convaincue de pouvoir être l’incarnatio­n de ce type de programme ?

Je savais que c’était ce genre-là qui m’intéressai­t, depuis le début. Je crois que les gens ressentent ma sincérité. J’ai les mêmes réactions qu’eux à la maison. En sortant de l’école de journalism­e, j’avais rencontré Jean-Luc Delarue, c’était vraiment mon modèle. Je lui avais dit qu’un jour, j’animerais l’émission de témoignage de France Télévision­s. Il avait dû me prendre un peu pour une folle.

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J’ai beaucoup de chance d’avoir une émission qui me ressemble”

Pas trop déçue de devoir brider votre côté tactile avec les invités en ce moment ?

C’est hyper frustrant, je ne m’y habitue pas. La semaine dernière, j’ai enregistré des émissions très fortes, où j’avais une grande envie d’embrasser, de cajoler, de câliner… J’ai l’impression que le programme n’est pas abouti sans ça.

Lorsqu’on tourne huit émissions par semaine, est-ce évident de gérer ce flot ininterrom­pu de témoignage­s intimes ?

Je sais mieux le faire désormais, j’arrive à avoir une routine pour prendre de la distance. La première année, je prenais vraiment tout en pleine figure. Il faut savoir vider la jauge émotionnel­le très rapidement. C’est plus facile à certains moments qu’à d’autres.

C’est-à-dire ?

Je sais qu’au coeur du mois de novembre, c’est plus compliqué. C’est la période où on enregistre des émissions autour de faits divers très violents. Je sais quand j’ai les épaules, je sais quand j’ai un genou à terre. Mon équipe m’entoure plus quand elle sait qu’on va enchaîner trois sujets difficiles. Comme les téléspecta­teurs, dès qu’il s’agit d’histoires d’enfants frappés par des maladies ou disparus trop tôt, ça me touche beaucoup.

Toute cette bienveilla­nce est bien loin de l’ambiance des réseaux sociaux…

Ça dépend lesquels. Sur Instagram, quand Brut diffuse un long témoignage, ça suscite en général une vague d’empathie.

Twitter, en revanche, est un lieu agressif, de combat. Quoi que vous partagiez, on va vous le reprocher. Malgré tout, je pense qu’on est de moins en moins dans l’ère de l’agressivit­é et du règlement de comptes.

Sur Twitter, justement, vous avez récemment été traitée avantageus­ement par rapport à Evelyne Thomas...

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Il faut savoir vider la jauge émotionnel­le très rapidement”

Ne comptez pas sur moi pour casser du sucre sur le dos d’Evelyne Thomas ou de n’importe qui d’autre. Twitter met tout le temps les gens en opposition. Je ne fais absolument pas la même émission qu’Evelyne Thomas. Dans le genre télévisuel, c’est comme si vous compariez un jeu et une émission de faits divers. Elle fait une émission ludique, de spectacle. Nous, on fait un magazine, avec un autre rythme, d’autres invités, d’autres sujets.

1. La troisième saison de a atteint une moyenne de 11,8 % de parts d’audience, soit un million de téléspecta­teurs.

2. Le 23 août, en marge du retour de C’est mon choix sur NRJ 12, une vidéo d’une séquence de 2018 dans laquelle Evelyne Thomas stigmatisa­it deux jeunes femmes portant des minijupes et arborant de généreux décolletés a refait surface. Des Twittos ont fulminé contre celle-ci, l’accusant de slut-shaming, tout en plébiscita­nt Faustine Bollaert pour sa capacité à ne pas juger ses invités de la sorte.

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