Monaco-Matin

« Roglic sera difficile à battre »

Jean-Christophe Péraud, 2e du Tour en 2014, pose son regard éclairé sur le peloton 2020. L’ex-vététiste place le Slovène comme le favori numéro 1 à la victoire finale

- PROPOS RECUEILLIS PAR MATHIEU FAURE ET ROMAIN LARONCHE

Jean-Christophe Péraud a déjà eu plusieurs vies. D’abord vététiste (vice-champion olympique 2008), puis ingénieur, avant de devenir profession­nel sur route sur le tard, lui qui est passé profession­nel à 32 ans. En 7 saisons et 5 Tours de France, le Toulousain a eu le temps de marquer les esprits, en grimpant notamment sur la deuxième marche du podium 2014 à 37 ans. Retraité des pelotons depuis quatre ans, on a retrouvé l’exleader d’AG2R, qui est chauffeur VIP pour Leclerc sur le Tour.

Quel est votre regard sur ce début de Tour ?

Sportiveme­nt, le tracé est assez novateur. Il y a de nombreuses difficulté­s dès le début mais elles sont aussi placées sur les trois semaines de course. Cela donne d’ores et déjà un Tour dynamique, déjà dynamité par Julian Alaphilipp­e. Sportiveme­nt, ce Tour est plutôt bien lancé. La situation sanitaire rend les choses plus difficiles notamment pour nous, les suiveurs, ce sont des éléments qu’il faut prendre en compte.

Julian Alaphilipp­e peut-il refaire le coup de l’an dernier ?

Il peut faire le même Tour, oui. Il a eu un début d’année difficile et il n’est pas encore à son meilleur niveau même s’il vient de gagner à Nice. S’il va dans une forme crescendo, il pourrait emmener loin ce Maillot Jaune (interview réalisée avant qu’il ne perde sa tunique hier) même si ce Tour est taillé pour les grimpeurs. A priori, il va être très attaqué. L’an dernier les grimpeurs ont attendu la fin du Tour pour l’attaquer, là, il est plus attendu et ça sera plus difficile pour lui.

Votre favori ?

Je mets une grosse pancarte sur Roglic, l’an dernier son objectif était le Giro (il avait fini e avant de remporter la Vuelta). Aujourd’hui, la situation est différente. Il arrive en forme sur le Tour et il sera très difficile à battre.

Quid de Bernal ?

Il est un ton en-dessous pour le moment mais ça reste un top grimpeur, il a la chance de n’avoir qu’un seul chrono sur le Tour et il est en pente (à La Blanche des Belles Filles, la veille de l’arrivée à

Paris). Et puis, il est entouré d’une immense équipe mais c’est la beauté du vélo, le classement n’est pas fait au départ, tout peut arriver. J’espère aussi un bon Tour pour Pinot, il n’est pas loin de Bernal et Roglic.

Et concernant Romain Bardet, que vous avez côtoyé chez AGR ?

Pour le moment, il a raison de dire qu’il ne joue pas le général, c’est une bonne stratégie. S’il claque des étapes, il ne sera pas loin du général en plus. Ça reste un grimpeur et, comme Bernal, il pourra compter sur ce chrono en bosse, il a clairement ses chances. C’est bon pour lui car il est sur une forme ascendante et il arrive à tenir un pic de forme sur la longueur, ça peut être bénéfique au final.

Quelle est la bonne stratégie pour gagner ce Tour ?

En général, les écarts se font en troisième semaine, là, les difficulté­s sont présentes dès la première semaine. Il faudra sans doute être en forme dès le début et tenir la distance pendant trois semaines. C’est hors norme par rapport aux tracés habituels

‘‘

Romain Bardet a raison de dire qu’il ne joue pas le général ”

Thibaut était plus fort que Bernal l’an passé ”

Au final, le Français qui est passé le plus proche de la victoire finale, c’est vous en  avec cette place de dauphin de Vincenzo Niballi...

J’étais à  minutes quand même (rires, il termine e à ’’’ de Nibali). Je n’ai fait qu’un podium, Romain Bardet en a fait deux. Indépendam­ment du résultat final, le Français le plus proche d’une victoire au général reste Thibaut l’an dernier. Il était audessus de Bernal sur le Tour mais il a une équipe plus faible que les INEOS et Jumbo.

Avez-vous des regrets de ne pas être arrivé plus tôt dans le cyclisme sur route ?

Non car j’ai fait une belle carrière en VTT avant, avec les résultats que l’on connaît (vice-champion olympique en , champion d’Europe en ...). Et puis je n’ai pas réussi à remettre en place en  et  ce que j’avais mis en place en . J’ai connu un petit burn-out en , une chute en . Physiqueme­nt et mentalemen­t, j’ai eu du mal à digérer ce podium qui n’était pas forcément attendu. J’étais parti pour faire un Top , puis un podium, puis la deuxième place, mais je n’étais pas en mesure de rivaliser avec Nibali à l’époque, seulement de l’accompagne­r.

 ?? (Photo Dylan Meiffret) ?? Jean-Christophe Péraud, lors du départ de la troisième étape, devant l’Allianz Riviera à Nice.
(Photo Dylan Meiffret) Jean-Christophe Péraud, lors du départ de la troisième étape, devant l’Allianz Riviera à Nice.

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