Le pari du temps long
Fini les morceaux de sparadrap et les stratégies à courte vue. Avec son plan de relance à cent milliards d’euros, le gouvernement apporte incontestablement une réponse à la hauteur de la menace qui pèse sur une économie française en situation de grand péril.
D’un montant quatre fois supérieur à celui engagé en , le dispositif détaillé hier par Jean Castex vient s’ajouter aux milliards mobilisés dans l’urgence au plus fort de la crise. Ces chiffres, insensés, donnent le tournis. Ils devraient pourtant permettre à la France, dont le produit intérieur brut a chuté de près de % au deuxième trimestre, de retrouver au plus vite le chemin de la croissance. Cette avalanche de milliards vise surtout à éviter une aggravation insupportable du chômage en créant emplois dans l’année à venir.
Au delà des objectifs à court terme, ce plan de relance s’inscrit dans la durée. C’est peut-être d’ailleurs en cela qu’il se révèle le plus ambitieux. Eux aussi inédits, les milliards destinés au financement de la transition écologique marquent une accélération considérable. N’en déplaise aux ayatollahs verts, il s’agit bien d’un
« pas de géant » ainsi que l’a affirmé hier, un brin bravache, la ministre Barbara Pompili. Transports, biodiversité, circuits courts, pollution : ces milliards sont nécessaires pour faire face à la conjugaison des crises sanitaire et écologique.
De manière plus prosaïque, cet effort est politiquement fondamental pour le président de la République. Après des municipales qui ont installé des maires écolos à la tête de plusieurs grandes villes françaises, et alors que Lionel Jospin vient d’appeler opportunément au « rassemblement de la gauche écologiste pour », Emmanuel Macron ne peut pas se permettre de jouer petit bras. En matière d’emploi comme d’environnement, l’exécutif est contraint de mener deux calendriers de front : le temps long pour jeter les bases d’un second quinquennat, et le court terme de manière à obtenir des résultats tangibles sans lesquels Emmanuel Macron prend le risque de se retrouver dans une situation aussi inconfortable que François Hollande à quelques mois de la présidentielle de .