Caravelle Ajaccio-Nice : « ans d’affabulations »
Le contre-amiral François Jourdier, directeur du Centre d’essais de la Méditerranée de 1981 à 1986, a réagi à la dernière prise de parole de l’Association des victimes du crash de la caravelle. Dans nos éditions de mercredi, cette dernière réclamait une plongée sur l’épave de l’avion.
La prise de position du contre-amiral est particulièrement virulente. Pour lui, la thèse d’un tir de missile accidentel ayant abattu l’avion est totalement erronée. Il évoque même « 52 ans d’affabulations ». «Onpeutespérer qu’un jour l’affaire de la Caravelle Ajaccio-Nice disparue le 11 septembre 1968, va trouver sa fin », écrit-il en préambule. Il n’y décèle aucun « mystère ». La Caravelle a été la victime « d’un incendie endogène comme l’a conclu la commission d’enquête le 14 décembre 1972 ». Visiblement ulcéré par les prises de position de l’association, il estime que « prétendre que la Caravelle ait été victime d’une erreur de tir du Centre d’essais de la Méditerranée (CEM) et que les plus hautes autorités de l’Etat auraient cherché à s’affranchir de leur responsabilité, relève de la diffamation et montre une méconnaissance totale du fonctionnement d’un centre d’essais ».
« Des essais soigneusement préparés »
Rappelant qu’il a été cinq ans directeur de l’établissement, il affirme que « le CEM conduit des essais de prototypes de missiles soigneusement préparés (...) ».
Et de s’interroger : « Lorsqu’on procède à un tir, des dizaines d’opérateurs participent directement et suivent le tir, il y avait plusieurs centaines de personnes à l’Ile du Levant, comment voulez-vous que tous se soient tus se rendant complices d’un crime. Seraient aussi coupables le préfet maritime qui aurait modifié le Zonex (1), la frégate Suffren qui aurait trafiqué le journal de bord et recherchait les réacteurs de l’appareil flottant à la surface de l’eau (!), le ministre de la Défense Michel Debré qui certifia que le champ de tir était fermé le jour de l’accident. On aurait aussi cherché à orienter les recherches des débris vers une fausse position. On nage en plein délire sans parler des barbouzes en imperméable récupérant des enregistrements au Mont Agel, et d’un pilote membre de la commission d’enquête ayant fait l’objet de pressions et craignant même pour sa vie (...).»
«Un récit digne d’OSS »
Le contre-amiral dépeint un récit « digne d’OSS 117 ». « Si ceux qui ont enquêté sur cette affaire (…) avaient demandé à venir à l’Ile du Levant, on n’aurait pas eu grand mal à leur montrer que le CEM n’était pour rien dans la catastrophe de la Caravelle et cela aurait évité d’abuser pendant cinquante-deux ans les familles. Il n’y a eu ni complot ni affaire d’Etat et je ne vois pas ce que la levée du secret-défense va apprendre sur un non-événement. Le président de la République aurait mieux fait de se renseigner avant de faire recevoir les familles ajoutant ainsi à leurs convictions. Le Centre d’essais de la Méditerranée en quelque soixante ans d’activité n’a jamais tué personne. »
1. Zone d’exercice militaire.