Monaco-Matin

Le Chili de Salvador Allende, de l’espérance à la fin tragique

Après Là où se termine la terre, Désirée et Alain Frappier poursuiven­t leur exploratio­n, entre le documentai­re et l’intime, d’une histoire chilienne aux résonances universali­stes.

- PAR PHILIPPE ZAMARI pzamari@nicematin.fr

Demain, le Chili commémorer­a le demi-siècle de l’accession au pouvoir de Salvador Allende, après l’élection du 4 septembre 1970. C’est une histoire qui a déjà cinquante ans, mais dont les plaies sont toujours ouvertes.

Après Là où se termine la terre, dont l’action se déroule de 1948 à 1970, Désirée et Alain Frappier poursuiven­t leur exploratio­n de l’histoire chilienne là où ils l’avaient laissée.

De la victoire des urnes au coup d’État militaire

La grande Histoire est ainsi bien connue : celle du Chili que le monde entier observait en 1970, en pleine guerre froide. Celle de Salvador Allende, président socialiste parvenu au pouvoir par les urnes, et qui tenta, le temps de mille jours de pouvoir, de mettre en place un État socialiste (nationalis­ations, réforme agraire, etc.) de façon non-violente et légale. Jusqu’au coup d’État militaire du 11 septembre 1973, dans lequel il trouvera la mort, avant qu’un régime militaire autoritair­e, incarné par Augusto Pinochet, lui succède. Nourri de nombreux documents d’époque – coupures de presse, interventi­ons radio ou télé, témoignage­s... –, les faits historique­s sont retranscri­ts avec minutie et passion par Désirée et Alain Frappier, fournissan­t un précieux travail historique et documentai­re.

Mais il fallait aussi l’histoire intime, un visage incarnant cette période, cette espérance et cette issue tragique. Ce sera le visage de Soledad, rencontrée dans son exil belge. Elle a quinze ans lors de l’élection de 1970, et rencontre Ricardo, de trois ans son aîné et membre charismati­que du « Mir », le mouvement de la gauche révolution­naire.

Les incarnatio­ns, Soledad et Ricardo

Ricardo est responsabl­e de la toma, une occupation illégale de terrain par des « sin-casa », avec pour projet de loger décemment cette population pauvre. Soledad et Ricardo traversero­nt amoureusem­ent, donnant naissance à deux enfants, les événements chiliens. La petite et la grande histoire sont narrées avec humanité et authentici­té. Les liens entre l’une et l’autre sont tissés avec intelligen­ce et fluidité, et le récit est haletant de bout en bout.

Porteur d’un message universali­ste et humaniste, malgré sa sombre conclusion, l’ouvrage est, en outre, dédié à la mémoire de l’immense écrivain chilien Luis Sepúlveda, décédé en avril 2020, qui avait pu apprécier Le Temps des humbles. « Plus qu’un roman graphique, cette oeuvre de Désirée et Alain Frappier est une saga qui raconte les mille jours du gouverneme­nt d’Unité populaire dirigé par Salvador Allende et de la volonté du peuple chilien de s’approprier son destin », a déclaré l’écrivain.

Un ouvrage dédié à la mémoire de Luis Sepúlveda

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 ??  ?? Le Temps des humbles. Désirée et Alain Frappier. Éditions Steinkis.  pages.  €.
Le Temps des humbles. Désirée et Alain Frappier. Éditions Steinkis.  pages.  €.

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