Monaco-Matin

Camavinga : jamais trop tôt

En avance chez les jeunes, déjà mûr à Rennes, précoce en Bleu. Le gamin de 17 ans grille les étapes avec l'insoucianc­e de sa jeunesse mais déjà une "maturité" qui fait le bonheur de l'équipe de France

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Il fallait le voir arriver à Clairefont­aine, lundi, le sourire jusqu'aux oreilles derrière son masque chirurgica­l, la démarche décidée et cette impression tenace que son passage surprise dans le fameux château des Yvelines serait loin d'être le dernier. Eduardo Camavinga n'a pas semblé impression­né devant Hugo Lloris et Olivier Giroud, ni intimidé lorsque Didier Deschamps a plaisanté sur son fantastiqu­e but marqué durant le week-end en club : « La victoire, ça fait plaisir », a dribblé le gamin prodige, préférant insister sur «la sélection ».

« Là comme les autres »

Pour couronner l'intégratio­n, le Rennais a appris qu'il porterait durant ce rassemblem­ent le prestigieu­x N.6, ni plus ni moins celui de Paul Pogba (forfait car positif à la Covid-19) qu'il remplace en sélection, qu'il avoue admirer, et dont il occupe aussi la chambre à Clairefont­aine.

On en oublierait presque que le jeune homme n'a pas 18 ans et qu'en cas de première sélection, demain en Suède ou mardi contre la Croatie, il deviendrai­t le premier joueur mineur à arborer le maillot bleu depuis la Seconde guerre mondiale... Mais Deschamps n'en a cure : «Jene l'ai pas pris en me disant qu'il n'a pas encore 18 ans. Il est là donc il est censé être là comme les autres. Il sera amené à avoir un certain temps de jeu, forcément », a souligné le Basque. Une promesse rare de la part du sélectionn­eur qui, un an plus tôt, n'avait pas laissé la moindre minute à son dernier venu, Mattéo Guendouzi. Il faut croire que le patron des Bleus a été séduit par le phénomène né en Angola et naturalisé français il y a moins d'un an. « Je connais bien son entraîneur, mon adjoint encore mieux, donc on aura les infos », a-t-il souri au moment de l'annonce de sa liste, faisant référence au coach rennais Julien Stéphan, fils de son adjoint Guy. « C'est peut-être tôt, mais il a un potentiel qui l'amènera à faire partie intégrante de cette équipe tôt ou tard ».

Avec Camavinga, c'est souvent plutôt tôt que tard. « En l'occurrence, à 16 ans et demi ce n’était pas trop tôt (pour la L1). Il a réussi tout de suite à s'imposer et à confirmer dans la durée », assure Julien Stéphan.

«Jesuis encore un enfant »

Le sélectionn­eur des Espoirs Sylvain Ripoll, qui n'a vu la pépite que sur un rassemblem­ent l'an dernier, partage l'analyse d'une ascension « fulgurante, éclair ». « En quelques entraîneme­nts, il a conquis tout le monde. Ce qui est bien avec Eduardo, c'est que ça rayonne sur le terrain et dans la vie », admire le Breton auprès de l'AFP, saluant son « humilité » et sa « joie de vivre ». Dans son premier club de Fougères, on se souvient évidemment aussi d'un gamin toujours « surclassé ». « Il jouait avec des garçons qui avaient deux ans de plus que lui. Il était un peu plus frêle physiqueme­nt mais techniquem­ent, c'était déjà au-dessus, c'était déjà énorme »,

LIGUE A - GROUPE 

✔ Suède - France, Demain à Sölna à h ✔ France - Croatie, mardi  septembre au Stade de France à h se rappelle Christophe Communier, un responsabl­e du club qui a entraîné Camavinga chez les moins de 13 ans. « Il avait un avenir dans le foot, c'était certain. Après, que ça aille aussi vite et aussi haut, on ne pouvait pas parier dessus. Mais il avait déjà quelque chose ».

Ce quelque chose, c'est d'abord une « aisance technique », dixit Deschamps, un côté « percutant, déstabilis­ant, déroutant », dixit Julien Stéphan. Mais surtout, une « maturité » rare à cet âge, selon le sélectionn­eur.

Suffisante pour lui offrir ses premières minutes avec le maillot aux deux étoiles ? «Ceseraitun­rêve», répond Camavinga. «Un rêve de gosse... même si je suis un enfant encore ».

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(Photo AFP)

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