MORCEAUX DE VIE MORCEAUX CHOISIS
Formée à l’école catalane, la mosaïste crée de superbes pièces avec la céramique de Salernes
Sous les arches en pierre, de larges baies vitrées laissent le regard se poser sur les nombreuses créations d’Yveline Gatau. La mosaïste s’est installée, place Gauthier, dans le coeur médiéval d’Aups. Une boutique-atelier baptisée « Le mille morceaux », où se révèlent des pièces de céramiques entremêlées, puzzles de moments de vie à partager. « C’est dommage, nombre de ses créations les plus significatives sont parties ces derniers jours », s’excuse presque sa meilleure amie Véro, venue lui prêter main-forte en cette journée d’été. Pas grave. Les pièces encore sous nos yeux témoignent du talent de la mosaïste, formée à l’école catalane.
Une reconversion
La céramique ce n’était pas le premier métier de cette artiste dans l’âme, passionnée par la peinture. « J’étais styliste et commerciale dans une entreprise toulonnaise de prêt-à-porter balnéaire… »
La guerre du golfe au début des années quatre-vingt-dix impacte le développement de l’entreprise, qui décide de délocaliser et de réduire ses coûts. Yveline saisit l’opportunité de changer de vie, de prendre son destin (et son métier) en main. « Je voulais tout maîtriser,deAàZ»
, dit-elle avec le recul. Elle sourit : « La céramique a le vent en poupe à l’époque »,
se souvient-elle. Elle demande une formation à pôle emploi et se retrouve du côté de Perpignan, à Saint-Féliu-d’Avall précisément. « Chez un couple, M. et Mme Secall,
des fous de Gaudi, ce sont eux qui m’ont tout appris. »
De retour à La Garde, elle commence à produire quelques pièces, se vend dans un magasin d’antiquité par exemple… Trouve son public. Et décide de quitter la côte toulonnaise au profit de l’arrière-pays.
Aups ? Un vrai coup de foudre, à 48 ans – elle vient d’ailleurs de fêter son anniversaire ! – autant professionnel que personnel puisque c’est ici qu’elle rencontrera son mari, l’artiste peintre Gilbert Pastor (aujourd’hui décédé). Elle s’y installe donc en 1994, suit quelques années plus tard sa boutique-atelier, place Louis-Gauthier. Elle trouve son inspiration dans ce qui l’entoure, dans les toiles de Kandinsky, Delaunay, Kupka. À Perpignan, elle travaillait la Bisbal(1), ici c’est Salernes et ses artisans qui lui donnent la lumière des couleurs : Pierre Boutal et Alain Vagh en particulier. « Entre les deux, je trouve toujours à réaliser des camaïeux intéressants… »
Qu’elle décline alors à travers le dessin sur le bois, se laissant guider par le trait de crayon. « L’emplacement des couleurs
n’est jamais calculé à l’avance, je les amène petit à petit. »
Les gens disent qu’elle a un vrai sens des couleurs d’ailleurs… Elle sourit, modeste. Pour elle, c’est juste une poésie dont elle écrit les vers, un à un. Le savoir-faire de l’artiste.
« L’emplacement des couleurs n’est jamais calculé à l’avance. »