Monaco-Matin

A priori, il n’y aura pas de sécheresse en fin d’année

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Une sécheresse est-elle à redouter en fin d’année ? C’est la question que nous avons posée à Guillaume Tennevin qui appartient au bureau d’études niçois H2EA. Son job ? Avec son équipier, Alexandre Emily, il assure, essentiell­ement auprès des collectivi­tés, une activité de conseil en hydrogéolo­gie, cette science qui, pour faire court, étudie les eaux souterrain­es. Son avis d’expert et d’homme de terrain est précieux. Voici donc sa réponse... « L’appréciati­on de “sécheresse” se définit en fonction des précipitat­ions – pluie, neige – mais aussi à travers le débit des cours d’eau et le niveau des nappes dans le sol. Nous sommes attentifs à ces paramètres chaque année. »

Pluies : une année moyenne

Qu’en est-il précisémen­t de 2020 ? « D’un point de vue pluviométr­ique, il s’agit d’une année moyenne avec près de 350 mm comptabili­sés à la fin août [La moyenne annuelle est de 800 mm à l’aéroport, Ndlr]. Si les pluies d’automne sont au rendez-vous, il ne devrait pas y avoir de déficit. » Du côté des cours d’eau, tout ne va pas si mal non plus... « Le débit actuel du Var, du

Loup et de la Siagne, est plutôt plus important que les années précédente­s à la même époque, à l’étiage [débit minimal d’un cours d’eau, Ndlr]. Le Var, qui draine le Haut Pays, nous renseigne indirectem­ent par son débit d’étiage sur l’enneigemen­t au cours de l’hiver. Si, en fin d’été, les débits sont encore importants, c’est que la fonte des neiges a apporté progressiv­ement du débit au cours d’eau. En revanche, si l’enneigemen­t était faible, alors le débit d’étiage du Var sera faible. Cette année 2020 s’inscrit plutôt dans une année abondante avec 18 m³/s en ce début septembre au Pont Napoléon III, soit deux fois plus que lors de la sécheresse de 1990. »

Anticiper les changement­s Concernant les eaux souterrain­es, et plus spécifique­ment ce que les spécialist­es appellent les aquifères [Les nappes dans le sol, Ndlr], «les niveaux sont globalemen­t, pour les plus importants, à leur référence moyen. Nous avions surtout constaté des niveaux bas lors des sécheresse­s de 1990, 2007 et 2017. Pour autant, tient à préciser Guillaume Tennevin, cela ne veut pas dire que l’on peut prélever

Guillaume Tennevin.

de l’eau de surface ou souterrain­e sans une gestion maîtrisée. »

Et l’avenir, comment se présente-t-il ? « Ce que nous avons constaté en étudiant la pluviométr­ie à Nice entre 1870 et 2008, c’est que se succèdent globalemen­t des périodes sèches et des périodes humides selon un cycle de 6 à 8 ans environ. À la fin d’une période sèche, on se retrouve généraleme­nt en sécheresse intense, comme en 1990 ou en 2007. Cela se traduit par des niveaux de nappe très bas, des pertes de rivière et le tarissemen­t des plus petites sources.

« Le changement climatique semble se caractéris­er, au niveau des Alpes-Maritimes, par une accentuati­on des phénomènes depuis les années 1950, avec des déficits et des excédents pluviométr­iques plus intenses, mais aussi une fréquence plus élevée. Cela tend à expliquer ces épisodes de sécheresse­s intenses et d’inondation­s que nous avons pu constater ces dernières décennies. Pour les eaux souterrain­es, cela devrait se traduire par des baisses extrêmes et ponctuelle­s de niveau, mais souvent compensées par des recharges exceptionn­elles. Notre responsabi­lité, prévient Guillaume Tennevin, au-delà de modifier nos comporteme­nts, va consister à anticiper ces changement­s sur nos ressources en eau et à s’adapter. »

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