L’esplanade des Sablettes, lieu de tous les excès ?
Pendant l’été, une horde de jeunes de Menton et de Roquebrune a semé la terreur tard le soir, provoquant des rixes avec plusieurs blessés. Témoignage d’une famille qui ne se sent plus en sécurité
C’est à l’issue d’une soirée passée dans un restaurant de l’esplanade des Sablettes qu’une famille s’est retrouvée au coeur d’une rixe, qui a très mal tourné.
« C’était le soir du 15 août. En vacances à Menton dans ma famille, je venais de dîner avec ma femme et un ami, et nous étions accompagnés de ma cousine, sa fille et son conjoint. Peu après minuit, nous remontions les marches centrales des Sablettes pour rentrer », explique Thomas, encore bouleversé. « On a croisé un jeune en haut des escaliers, qui nous cherchait clairement, et en quelques instants, on s’est retrouvés confrontés à une trentaine d’ados qui nous ont littéralement attaqués ! » raconte le jeune homme. Blessé à la main, il a subi plusieurs points de suture.
Traumatisme crânien
Plus grave, « mon cousin a été victime d’un traumatisme crânien et a eu plusieurs dents cassées et de multiples contusions… Sa soeur a également été mise à terre et en a perdu sa fille dans la foule, qui pleurait de peur, retranchée dans un coin… Heureusement, ma femme l’a retrouvée et l’a protégée le temps de la bagarre… »
Une soirée d’été que cette famille n’est pas près d’oublier et qui la plonge, depuis cette date, dans le désarroi et l’incompréhension, en plus d’avoir peur des représailles.
« Nous avons porté plainte au commissariat et, depuis, plus rien… » se désole la cousine de Thomas.
« Mon cousin qui venait d’arriver à Menton pour quelques jours de repos est reparti aussitôt après avoir été soigné à La Palmosa. » « Nous ne nous sentons plus en sécurité dans notre propre ville, et c’est clair que pour nous, l’esplanade des Sablettes est un lieu à éviter. Ce n’est pas ça Menton!»
Effet de meute et alcoolisation
« Plusieurs affaires sont en cours d’instruction », répond le commissaire de Menton, Abdel Bouzelmat. « Pendant trois ou quatre week-ends d’affilée cet été, nous avons effectivement dû intervenir sur quatre ou cinq rixes provoquées par des bandes de jeunes, qui se regroupaient au niveau du quai Bonaparte et en arrivaient très vite aux mains pour des motifs futiles. » Venant ainsi semer la terreur, la plupart du temps assez tard dans la soirée, sur l’esplanade des Sablettes. Plus rarement aussi en pleine journée. Selon l’un des adjoints du commissaire, il s’agit principalement de jeunes âgés de 15 à 20 ans, originaires de Menton et de Roquebrune-Cap-Martin, mais également en provenance de la banlieue niçoise… rejoints par quelques vacanciers.
« Un phénomène nouveau à Menton, mais sans commune mesure avec les villes de Cannes, Nice, Antibes », qui ont vu débarquer, cet été, des jeunes (issus des banlieues marseillaise et parisienne), ayant choisi la Côte d’Azur, faute de pouvoir partir à l’étranger en raison de la crise sanitaire.
Plusieurs explications.
« L’effet de meute et la consommation d’alcool sont, entre autres, à l’origine de ces mouvements. Les jeunes s’échauffaient quand les établissements fermaient », explique le commissaire, rappelant que, lors de la soirée du 8 août (lire notre édition du 29 août), six personnes ont été placées en garde à vue, à la suite d’une «véritable bagarre rangée » entre un groupe de touristes et une vingtaine de jeunes agresseurs.
Manque d’effectif
« Deux étaient mineurs, deux majeurs ont été écroués et deux ont été remis en liberté sous contrôle judiciaire. »
« Dans ce cas-là, ce sont les caméras de la Ville qui ont clairement permis d’identifier les belligérants. Malheureusement, on ne peut pas identifier tout le monde par les caméras. » Et de faire remarquer : « On a géré ces crises récurrentes malgré notre manque d’effectif », précisant que des « patrouilles pédestres constituées de nos équipes de police secours et de la Bac ont fait de la présence sur les Sablettes conjointement avec des agents de la police municipale. Pour occuper le terrain ».
Une réflexion sera engagée à la police nationale d’ici l’été prochain. Pour prévoir et répondre à ce phénomène que beaucoup espèrent inédit et seulement lié à la crise sanitaire.