La stratégie des élus azuréens
Dès le début du confinement en mars dernier, les élus azuréens ont été souvent en pole position dans le domaine de la gestion de crise, de l’accompagnement de leurs administrés sur le plan tant sanitaire qu’économique. Christian Estrosi fut ainsi sur tous les fronts. Contaminé quelques jours avant le premier tour des élections municipales, le maire de Nice a fait de la « santé » de ses administrés la priorité absolue. Hyperactif, hyper-réactif sur le front de la lutte contre la pandémie. Tout comme David Lisnard , le maire de Cannes. Sur le fond les deux élus de Nice et de Cannes ont donné le tempo.
L’un comme l’autre, malgré leurs divergences, voire leur rivalité sous jacente, ont fait la même analyse de la crise : leur connaissance du territoire leur permet de ne pas se contenter de suivre les directives du ministre de la santé, mais parfois de les compléter voire de les anticiper. C’est à Nice que les rues sont désinfectées par des agents de nettoiement protégée par des tenues dignes d’un film de science-fiction. C’est à Cannes qu’un drone survole la place du marché de la Bocca pour désinfecter, pendant que le sable des plages de la Croisette subit un nettoyage permanent.
Une détermination qui n’est pas masquée
Pour Christian Estrosi et David Lisnard les priorités sont multiples : le soutien aux familles en difficulté économiques pour cause de confinement et aux petites et moyennes entreprises se double de mesures sanitaires qui ont la plupart du temps un coup d’avance sur les autres régions de
France. C’est le cas à Nice en matière de test de dépistage. La mairie ouvre ainsi au printemps des « drive test » : le dépistage de la Covid est gratuit pour tous. Alors que la doctrine nationale sur le port du masque est encore incertaine, Nice est la toute première ville de France à les distribuer gratuitement et, ensuite, à prendre un arrêté – très vite confirmé par le préfet – qui rend le port du masque obligatoire dans les artères les plus passantes de la capitale de la Côte d’Azur. Puis dans un second temps, alors que grandit le spectre d’une seconde vague, sur l’ensemble de la commune.
A Cannes, David Lisnard lui n’est pas en reste : le masque devient obligatoire dans les lieux « de promiscuité ». La différence est à peine sémantique.
Ce qui est impulsé à Nice se décline de Menton à Théoule. Le président du Département Charles-Ange Ginésy et le député Éric Ciotti y adhèrent immédiatement et déclinent les mêmes initiatives – distributions de masques et appui aux communes du moyen et du haut pays – sur l’ensemble des Alpes-Maritimes. A Marseille, et notamment à l’hôtel de Région, Renaud Muselier soutient les initiatives azuréennes et tout ce qui peut contribuer à éviter un reconfinement et aux conséquences terribles qu’il aurait sur l’économie régionale.
L’exception Luca
Si à Antibes, Jean Leonetti fait preuve de plus de modération dans sa communication de crise, il n’hésitera pas à montrer les crocs lorsqu’au printemps l’accès au traitement par hydroxychloroquine – alors considéré comme le remède miracle – semble devoir être réservé à certains centres hospitaliers. Seul le CHU de Nice fait alors partie de l’essai clinique européen destiné à évaluer quatre traitements expérimentaux pour lutter contre le coronavirus... Aujourd’hui, seul contre tous, il n’y a que Lionnel Luca pour jouer une partition différente : l’annonce par le préfet de l’extension à 18 communes de son arrêté rendant le port du masque obligatoire a mis en fureur la maire de Villeneuve-Loubet. Son bras de fer avec la préfecture se jouera devant les tribunaux. Dans sa croisade anti-masques, l’ancien champion de la droite populaire a pour l’heure reçu que le soutien de Debout La France, le parti de Nicolas Dupont-Aignan.