Monaco-Matin

Arnaud Ducret « Cette histoire fascine »

Habitué aux rôles comiques, l’acteur sort de sa zone de confort en campant, pour M6, un père de famille inspiré de Xavier Dupont de Ligonnès. Bluffant et flippant

- PAR MATHIEU FAURE mfaure@nicematin.fr

Pas facile de passer du statut de papa formidable de Parents mode d’emploi, sur France 2, à père de famille multimeurt­rier. C’est pourtant le grand écart que vient de faire Arnaud Ducret. En général, quand on se retrouve face au Rouennais de quarante et un ans, on est plutôt là pour se marrer. L’ambiance est détendue. On rigole, on se fend la gueule.

Et puis M6 et Pierre Aknine ont décidé d’adapter le fait divers le plus frappant depuis l’affaire Gregory pour en faire une série en quatre épisodes : l’histoire de Xavier Dupont de Ligonnès. Le père de famille qui aurait tué sa femme, ses quatre enfants et ses deux chiens dans sa maison de Nantes avant de disparaîtr­e en 2011 après une dernière apparition publique dans le Var, sur le parking d’un hôtel de Roquebrune-sur-Argens. Depuis, personne ne sait où il est et un mystère total sur ses motivation­s demeure. Un mythe qui fascine les gens. Cet été, le magazine Society s’est offert soixantedi­x pages résumant quatre ans d’enquête sur l’affaire « XDDL ». Une folie qui a forcé le groupe

So Press, propriétai­re de Society ,a réimprimer plusieurs fois les magazines tant la demande était forte. Car oui, l’affaire Dupont de Ligonnès aimante tous les fantasmes. Sur M6, Arnaud Ducret va donc camper un père de famille – personnage de fiction fortement inspiré de l’affaire réelle mais appelé Christophe de Salin à l’écran – que personne n’imaginait en tueur de sang-froid. À ses côtés, un casting plutôt relevé avec notamment Émilie Dequenne.

C’est un pari de jouer un personnage inspiré de l’homme le plus recherché de France.

L’histoire et le scénario, qui ont été écrits par Pierre Aknine et Anne Badel, m’ont convaincu. Quelque part, on connaît tous cette histoire macabre de ce père de famille que personne n’a jamais retrouvé. Et puis j’allais jouer quelque chose de complèteme­nt différent.

Justement, comment peut-on se préparer à jouer Xavier Dupont de Ligonnès ?

J’ai énormément travaillé avec ma coach d’acting qui m’accompagne. Je me suis aussi beaucoup renseigné à travers les articles de presse, les déposition­s, les reportages... J’ai beaucoup lu sur lui mais j’ai trouvé peu de vidéos au final. On a plein de photos de cet homme mais peu de moments filmés. J’ai donc mis un peu de moi dans ce personnage.

On dit souvent qu’un acteur s’attache à son personnage, est-ce le cas ici ?

S’attacher, non, clairement. Mais j’ai essayé de trouver des motivation­s, ses motivation­s. Comprendre sa logique, le cheminemen­t qu’il a suivi pour arriver à l’horreur.

On a évoqué le surendette­ment pour expliquer son passage à l’acte, il y a aussi la dimension sociale et religieuse. C’est difficile d’essayer de trouver une logique dans l’effroyable.

Récemment, l’affaire a connu des rebondisse­ments atypiques avec ce suspect arrêté en Écosse que l’on pensait être Dupont de Ligonnès...

Nous avions déjà terminé le tournage durant cet épisode. Égoïstemen­t, j’étais soulagé que ça ne soit pas lui sinon la série n’aurait jamais été diffusée car la vérité est plus forte que la fiction. Mais on a conscience que cette histoire fascine. Cet été, les deux numéros de Society qui ont traité l’affaire ont créé un engouement incroyable autour de l’affaire. Aux USA, il y a eu aussi un rebondisse­ment car des témoins pensaient l’avoir aperçu à un endroit. C’est une histoire qui a marqué les gens.

Êtes-vous un amateur de faits divers ?

Amateur, je ne dirais pas ça comme ça. (rires) Je suis intrigué plutôt. Ça m’interpelle aussi. Souvent, le soir, quand il n’y a rien à la télévision, on se laisse facilement amener vers une émission qui traite des faits divers. Mais l’affaire Dupont de Ligonnès, quand elle est sortie, m’a marqué.

C’était quelqu’un, comme le titre bien la série d’ailleurs, d’ordinaire. C’est monsieur tout le monde. Comme quoi, on ne connaît jamais suffisamme­nt les gens.

Vous pensez qu’il est mort ou en cavale ?

Personnell­ement, je pense qu’il est mort. Mais dès qu’on a une conviction, il y a quelque chose dans l’enquête qui vient chambouler toutes nos certitudes. On dit qu’il a quinze jours d’avance sur les enquêteurs dans sa cavale mais quand on arrive chez lui, les serpillièr­es sont humides... Je reste persuadé qu’il a été aidé dans sa fuite. Et s’il n’est pas mort aujourd’hui, il a forcément été aidé. On ne peut pas disparaîtr­e pendant près de dix ans sans aide extérieure.

‘‘

Je pense qu’il est mort. Ou alors, s’il est en cavale, il a forcément été aidé depuis le début...”

C’est un réel rôle à contre-emploi pour vous, vous passez du papa préféré des Français à un quintuple meurtrier...

L’histoire m’a plu et j’ai beaucoup de chance que des réalisateu­rs pensent à moi pour ce type de rôle. Je ne vais pas bouder mon plaisir. C’est important de faire des choses qui me plaisent.

Un homme ordinaire. À partir de 20 h 45, sur M6. Quatre épisodes de 52 minutes : deux épisodes ce soir, les deux autres, mardi prochain.

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