Monaco-Matin

Le Désert, maison de Marie de Lorraine sur le Rocher

Retrouvez chaque mois la chronique du Comité national des traditions monégasque­s

- du jardin d’agrément de la Princesse »,

En passant devant le Ministère d’État, place de la Visitation, certains auront remarqué sur la façade une plaque de marbre portant l’inscriptio­n « Hôtel du gouverneme­nt édifié par S.A.S. le Prince Albert Ier» et inauguré le 18 juin 1894. Sur son emplacemen­t, le prince Antoine Ier avait, en 1717, construit au milieu des jardins la maison dite « Le Désert » où la

(1) princesse Marie de Lorraine aimait à se retirer.

Cette maison, avec son jardin qui prendra le nom évocateur de « Désert », était située à l’extrémité Est du Rocher. À cette époque, les ruelles étroites de la vieille ville ne dépassaien­t pas l’actuelle place de la Mairie et, au-delà de la fonderie de canons où se trouve aujourd’hui le Foyer Sainte-Dévote, cet endroit était désert. Mais d’après un document anonyme, on appellerai­t ce lieu « le Désert », car il y avait dans les pièces de la maison quantité de petits tableaux des anciens pères du Désert (2). Toujours est-il que le premier coup de pioche fut donné le 29 octobre 1717, après le rachat des terrains à sept propriétai­res différents. La princesse Marie de Lorraine, confrontée à une situation conjugale pas toujours facile à vivre, trouvera dans ce refuge un havre de paix durant les absences plus ou moins longues de son époux le prince Antoine Ier. Elle s’y rendait soit pour des escapades journalièr­es, soit pour des séjours prolongés souvent en compagnie de sa fille cadette Marie-Pelline, dite Mademoisel­le de Chabeuil, surnommée affectueus­ement « petit chat » par son père. Elle suivait depuis la place d’Armes (aujourd’hui place du Palais) le chemin qui longeait les remparts, et passant devant la fonderie de canons, elle entrait dans son domaine par « une grande et belle porte » où se trouve aujourd’hui le portail qui donne accès latéraleme­nt à l’école François d’Assise-Nicolas Barré.

Depuis la pendaison de crémaillèr­e le 19 janvier 1719, jusqu’à sa mort le 30 octobre 1724, elle aimera profiter de cette maison toute de plain-pied aux dimensions réduites mais avec toutes les commodités et surtout de son vaste jardin verdoyant planté d’agrumes et d’arbres décoratifs, le tout entouré d’un mur d’enceinte pour se protéger de la ville proche.

Après la princesse Marie de Lorraine, le Désert aura plusieurs occupants, dont le fils naturel d’Antoine Ier, le chevalier de Grimaldi, la famille Rey de Villarey et même des officiers de la garnison sarde.

Plus tard, le Cercle des étrangers y ouvrit des salles de jeux et lorsqu’elles seront transférée­s dans le nouveau quartier de Monte-Carlo, on y exploitera un hôtel pour voyageurs, l’hôtel Garbarini, avant sa démolition en 1889. À la place, on construira le pensionnat des Dames de Saint-Maur en 1891, et dans le prolongeme­nt, l’Hôtel du gouverneme­nt en 1894 (3).

1- Pour plus d’informatio­ns, lire l’article de Thérèse Ghizzi et Robert Fillon : « Le Désert » dans les Annales monégasque­s N°27 (2003) 2- Les « Pères du Désert » sont des moines qui, aux IVe et Ve siècles, se retiraient dans les déserts d'Égypte, de Palestine et de Syrie pour y vivre dans un climat de silence et de prière.

3- Pour nous rappeler le nom de celle qui occupa le « Désert » nous trouvons aujourd’hui sur le Rocher, de la place de la Mairie à la place de la Visitation, « bordant la limite de l’ancien verger et

la rue Princesse-Marie-deLorraine.

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(DR) Le Ministère d’État et la plaque Le Désert (entourée en rouge).

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