Monaco-Matin

Dans un pub du Vieux-Nice : « Les jeunes ont les boules »

La fermeture des bars avancée d’une demi-heure est vécue aussi bien par les restaurate­urs que les clients comme une nouvelle épreuve qui va « dissuader carrément de sortir » et impacter l’emploi

- FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Le sourire est là, mais l’ambiance est morose. Au Blast , un pub du Vieux-Nice où l’on vient depuis plus de dix ans « s’ambiancer » en musique, on a beau prendre le problème dans tous les sens, la solution ne vient pas. «Lechômage partiel est de nouveau dans les tablettes », regrette Eric, le responsabl­e de ce bar avec grande terrasse – une centaine de places assises – situé tout au bout du cours Saleya.

C’est la fin de journée. Mais il est encore peu tôt, dit Laszlo. Ici, on prend souvent l’apéro à 23 h. La fermeture à 0 h 30 laissera peu de temps pour « l’after ». A vingt-trois ans, ce jeune homme d’origine hongroise en a été un pilier avant de venir y travailler. Le Blast, c’était son QG. Depuis cinq mois qu’il a rejoint l’équipe d’une vingtaine d’employés, il fait tout. «Lebar,lasalle et l’hôtesse », dit en rigolant ce gaillard à maillot-poncho, connu des clients comme le loup blanc. «Tard le soir, après le service, beaucoup de restaurate­urs viennent prendre un dernier verre ici », explique-t-il en rappelant que « les femmes se sentent en sécurité », tandis que « tout le monde cherche le son ».

C’est fini. Provisoire­ment. En tout cas, il faut mettre en sourdine. « Les jeunes ont les boules, c’est direct moins festif. Déjà que les boîtes de nuit sont fermées, ça casse l’ambiance », déplore Laszlo qui, sans contester la nécessité des mesures antivirus, craint que tout cela ne « dissuade carrément de sortir ». Si les nouvelles dispositio­ns « coupent l’envie » , le bar réagit. « Happy hour » avec une pinte à petit prix jusqu’à 21 h. Les fûts de bière qui s’entassent dans l’entrée témoignent d’un certain dynamisme. « Avant la pandémie, nous avions une dérogation pour une fermeture tardive à 2 h 30 », souligne toutefois Eric.

« Mieux que rien »

Exit l’autorisati­on, depuis le 9 septembre, c’est 1 h. Et désormais 0 h 30. « L’heure à laquelle nous avions l’habitude de boucler les cuisines », dit avec nostalgie ce responsabl­e du Blast. Burgers, tapas, pizzas et salades ont fondu comme neige au soleil. « Mais c’est toujours mieux que rien », conclut Eric, philosophe, échaudé par un trop long confinemen­t.

Rue Raoul-Bosio, Abdel n’est pas très optimiste. Son épicerie, ouverte sept jours sur sept, doit cesser de vendre tout alcool à 20 h, alors que le Red Mood ferme théoriquem­ent à 23 h. Le préjudice sera lourd. « Regardez ce que j’ai fait aujourd’hui », dit-il en tapotant sur l’écran de sa caisse. De 10 h à 17 h, pas plus de 60 € en espèces, 36,40 € en carte bancaire. Recette maigrichon­ne mais banale depuis le début de la crise.

« Le soir, la bière, c’est 60 % des ventes », calcule Abdel. « Je pense que je vais devoir suspendre le contrat de travail de ma femme. Pour l’employé, je ne sais pas. »

Les 25/30 ans, qui constituen­t le gros de sa clientèle du soir, prennent un pack au passage, avant de se retrouver sur la plage. Terminé. « On est foutus. Je ne sais pas comment on va faire. »

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(Photo Cyril Dodergny) Laszlo : « Ici, on prend souvent l’apéro à  h… »

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